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En terme d’évolution, il y a eu deux change-
ments importants des comportements qui per-
mettent de mieux comprendre notre anatomie.
Ce sont l’abandon d’un mode de vie arboricole
approximativement il y a 6 millions d’années et
l’adoption d’une position dite érigée qui est
complète depuis environ 3,75 millions d’an-
nées. Mieux comprendre l’analyse morpho-
fonctionnelle du genou permet de rechercher
l’étiologie des dysplasies fémoropatellaires et
aussi la prise en charge des instabilités rotu-
liennes [1, 2, 3]. Pour cela, deux aspects du dé-
veloppement du genou sont intéressants à
connaître :
- L’anatomie comparée qui illustre le lien entre
forme et fonction au sein des différents grou-
pes d’animaux selon leur mode de déplace-
ment ou de locomotion.
- L’évaluation de cette articulation avec la phy-
logénie au cours de l’évolution de nos ancêtres
“primates récents” avec les différents fossiles
car c’est elle la mieux connue. Cela traduit le
passage de la quadripédie à la bipédie par les
hominidés dont “Lucy” (C. Tardieu [4]).
L’Anatomie comparée
[4, 5]
Chez Eryops, l’ancêtre commun des reptiles,
oiseaux et mammifères, qui a plus de 320 mil-
lions d’années, l’articulation du genou ne com-
porte pas de rotule. La patella s’est développée
seulement il y a 70 millions d’années chez les
oiseaux, reptiles et certains mammifères. C’est
un développement tardif comparé au dévelop-
pement des condyles fémoraux des ligaments
croisés. La salamandre, petit reptile qui se dé-
place par des mouvements de reptation ne pos-
sède pas de rotule. Dans la famille des reptiles,
il se produit plusieurs modifications de l’anato-
mie du genou avec notamment l’apparition de
la rotule suite aux contraintes mécaniques su-
bies. Il se développe dans le genou, un noyau
fibreux cartilagineux qui sera l’ébauche de la
patella. Ainsi, le lézard et le varan ont une pa-
tella cartilagineuse et l’intensité de la contrain-
te subie a une incidence sur le développement
de cette structure. La rotule de la lente tortue
terrestre est absente et chez le crocodile, elle
est très puissante.
Chez les mammifères, l’anatomie du genou est
assez rudimentaire avec 2 balles rigides qui ont
très peu de contact avec les glènes tibiales. Ce
sont les ligaments et les ménisques qui stabili-
sent le tout avec des points d’insertion rappro-
chés pour éviter des mouvements trop impor-
tants. La forme de la fémoro-patellaire est très
variable et dépend du mode de locomotion.
Tardieu et Dupont [5] ont bien précisé ces dif-
férences de forme anatomique en fonction du
type de déplacement chez les quadripèdes.
Chez le cheval dans la famille des onguligra-
des, le genou est toujours placé en flexion et ne
Phylogenèse
de la fémoro-patellaire
C. Hulet, C. Tardieu, V. Pineau,
S. Delforge, I. Klebaner, S. Rochcongar