Anderson [27] quant à lui, suggère que la
taille du ligament croisé antérieur est pro-
portionnelle à la taille du quadriceps. Le
taux de rupture du LCA plus élevé chez les
femmes que chez les hommes serait donc
relatif à la taille du ligament et non à l’échan-
crure intercondylienne.
Nous n’avons pour notre part pas retrouvé de
différence d’index d’échancrure entre les
hommes et les femmes de notre série, et
nous n’avons pas comparé la taille du LCA
avec la largeur de l’échancrure sur les coupes
IRM du groupe 2 pour corroborer l’une ou
l’autre de ces deux hypothèses.
Enfin, plusieurs auteurs ont insisté sur la
forme anatomique de l’échancrure dans la
génèse des lésions du LCA [24, 27-30] :
échancrure carrée, en forme de vague, ser-
rées sur tout ou partie de la hauteur…
Tillman [28] a décrit un index de forme
d’échancrure
(Notch Shape Index)
sur des
coupes scanographiques, qui serait corrélé à la
survenue d’une lésion du LCA. Nous n’avons
pas pris en compte ces éléments de forme de
l’échancrure dans notre étude radiographique.
Notre étude est la première à notre connais-
sance à avoir étudié simultanément les
valeurs de la pente tibiale et la largeur de
l’échancrure intercondylienne dans une
même population. L’intérêt de cette double
étude radiographique est de préciser quelles
relations peuvent exister entre ces trois don-
nées. En effet, l’analyse de la littérature
retrouve des résultats différents avec des
conclusions contradictoires lorsque chacun
de ces deux facteurs est analysé de façon indé-
pendante vis-à-vis de son incidence sur la rup-
ture du ligament croisé antérieur. Le faible
nombre de cas étudiés dans la plupart des
études peut expliquer au moins partiellement
ces écarts de résultats. En effet, tous les
patients avec une rupture du ligament croisé
antérieur n’ont pas une pente tibiale élevée ou
une échancrure serrée. De même, tous les
patients avec une pente tibiale élevée ou une
échancrure serrée n’ont pas et n’auront peut-
être jamais de rupture du ligament croisé
antérieur. Seule une étude prospective étu-
diant ces deux éléments anatomiques sur une
très grande population et sur un très grand
nombre d’années, pourrait affirmer ou non si
la pente tibiale, la taille de l’échancrure ou les
deux sont des facteurs de risque de rupture du
ligament croisé antérieur. Outre le fait que
notre étude montre qu’il existe une relation
statistiquement forte entre chacun de ces fac-
teurs et la présence d’une rupture du ligament
croisé antérieur, elle montre également que
l’un de ces deux facteurs est statistiquement
présent lorsque l’autre est absent. Ainsi, les
patients qui ont une pente tibiale relativement
faible ou comparable à la population témoin,
ont statistiquement une échancrure plus
étroite que ceux avec une pente tibiale élevée.
Cela suggère que l’un de ces deux facteurs
serait suffisant mais que la présence des deux
facteurs n’est pas nécessaire à la prédisposi-
tion d’une lésion du ligament croisé antérieur.
CONCLUSION
Il existe une relation statistiquement forte
entre les valeurs de la pente tibiale mesurées
sur clichés radiographiques standards, la
taille de l’échancrure intercondylienne rap-
portée à la taille de l’épiphyse fémorale
mesurée sur des coupes IRM, et la rupture
du ligament croisé antérieur. Les genoux
ayant une rupture du ligament croisé anté-
rieur ont statistiquement une pente tibiale
plus élevée et une échancrure plus serrée que
les genoux avec un ligament croisé antérieur
intact. La présence de l’un de ces deux fac-
teurs apparaît être suffisante pour augmen-
ter le risque de rupture du LCA.
La prise en charge chirurgicale des patients
souffrant d’une rupture du ligament croisé
antérieur devra tenir compte de ces deux fac-
teurs anatomiques, tant dans la technique
chirurgicale que dans les suites postopéra-
toires afin d’optimiser les résultats de la liga-
mentoplastie en tentant de limiter les risques
de rupture itérative et de rupture controlaté-
rale du LCA.
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JOURNÉES LYONNAISES DE CHIRURGIE DU GENOU
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