de ce ligament. Il a défini une nomenclatu-
re anatomique de l’échancrure intercondy-
lienne et a milité dans ses travaux pour la
réalisation d’une plastie de l’échancrure sys-
tématique lors de la réfection chirurgicale
du LCA.
Houseworth [16] a conclu dans une étude
avec reconstruction assistée par ordinateur de
l’échancrure intercondylienne que l’arche pos-
térieure de l’échancrure était plus petite dans
un groupe avec rupture du ligament croisé
antérieur, comparé aux individus normaux.
Souryal [17] a défini le
Notch Width Index
(NWI) sur des radiographies standards, dont
nous nous sommes inspirés dans notre
étude, pour mesurer l’échancrure intercon-
dylienne dans les ruptures unilatérales et
bilatérales du LCA. Il a conclu dans diffé-
rents travaux qu’un NWI bas (inférieur à
0,20) était un facteur prédictif de rupture du
LCA [17-19].
Plusieurs auteurs ont confirmé par la suite
ces constatations en utilisant cet index, soit
sur des radiographies de genou en schuss,
soit sur des coupes scanographiques ou IRM.
L’intérêt de cet index est théoriquement d’ho-
mogénéiser les mesures de l’échancrure en
fonction de la taille des patients ; cependant,
certains auteurs comme Shelbourne [20] ont
insisté sur la supériorité de la taille absolue
de l’échancrure sur cet index, arguant que la
largeur de l’épiphyse était corrélée à la taille
du patient contrairement à l’échancrure
intercondylienne. Il conclut qu’une échan-
crure inférieure à 15 mm augmentait le
risque de rupture du LCA chez les hommes
comme chez les femmes.
Cependant, Herzog [21], Schickendantz [22]
et Teitz [23] n’ont pas trouvé ces corrélations
entre la largeur de l’échancrure et la surve-
nue de lésions du LCA dans leurs études cli-
niques et radiographiques. Ils critiquent les
mesures réalisées sur des radiographies
conventionnelles, leur préférant des coupes
scanographiques [22], et concluent que la
largeur de l’échancrure ne peut à elle seule
expliquer toutes les ruptures du LCA.
Nos résultats corroborent la majorité des
études réalisées précédemment. En effet,
nous trouvons une relation statistiquement
forte entre l’index d’échancrure intercondy-
lienne plus bas et la présence d’une lésion du
ligament croisé antérieur.
Deux hypothèses peuvent expliquer dans la
littérature la pathogénie d’une échancrure
serrée dans les lésions du LCA.
La première évoque un conflit mécanique
entre une échancrure serrée et un LCA de
taille normale. Tanzer [24] dans une étude
cadavérique sur 10 genoux a ainsi montré
que tout ligament croisé de diamètre supé-
rieur à 8 mm rentrait en conflit avec le bord
inféromédial du condyle externe et le toit de
l’échancrure. Muneta [25] dans une autre
étude cadavérique a montré que le diamètre
du LCA était identique quelle que soit la
taille de l’échancrure, expliquant ainsi que
les ruptures du LCA sont en rapport avec une
échancrure plus étroite et non pas avec un
LCA de plus petite section.
La deuxième hypothèse s’appuie sur des
constatations anatomiques selon lesquelles la
taille du LCA, et donc sa résistance, dépend de
la taille de l’échancrure. Une échancrure plus
étroite contiendrait des ligaments croisés
moins gros et donc moins résistants. Davis et
Shelbourne [26] ont mesuré le diamètre des
ligaments croisés antérieurs de 124 patients et
l’échancrure intercondylienne sur des coupes
IRM, et ont conclu, contrairement à Muneta
[25], que les patients avec une échancrure
plus étroite avaient un diamètre de LCA plus
faible. Dans une autre étude, Shelbourne [20]
explique que les femmes, qui ont une échan-
crure plus petite que les hommes, ont un taux
plus élevé de rupture primaire du LCA en rai-
son d’un ligament plus fin, appuyant cette
hypothèse sur le fait qu’à même taille de gref-
fon et en dehors de toute échancruroplastie,
les hommes et les femmes ont le même taux
de rupture itérative de leur transplant.
INFLUENCE DE LA PENTE TIBIALE ET DE LA TAILLE DE L’ÉCHANCRURE INTERCONDYLIENNE…
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