B. Quelard
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Place du traitement
médical et
kinésithérapique
Les moyens thérapeutiques dont nous dispo-
sons n’ont guère évolué au cours de ces 10 der-
nières années malgré une meilleure connais-
sance de la physiopathologie de cette affection.
Ils restent purement symptomatiques, aucun
traitement n’étant capable aujourd’hui de pro-
mouvoir la régénération d’un cartilage qualita-
tivement normal.
La prise en charge thérapeutique de la gon
arthrose fait l’objet de recommandations éta-
blies par des sociétés d’experts européens
(European League Against Rheumatism
[13])
ou internationaux (
Osteoarthritis Research
Society International
[22]). Aucune de ces re-
commandations n’est spécifique à l’arthrose
fémoropatellaire isolée. Toutefois, la plupart
lui est applicables.
Le traitement de l’arthrose fémoropatellaire
isolée est longtemps et avant tout non chirurgi-
cal, la chirurgie s’adressant aux arthroses évo-
luées radiologiquement, douloureuses et inva-
lidantes, réfractaires au traitement médical.
L’association de mesures thérapeutiques non
pharmacologiques et pharmacologiques est la
première recommandation formulée par les ex-
perts pour une prise en charge optimale.
Les mesures thérapeutiques non pharmacolo-
giques
sont la clef de voûte de la prise en char-
ge de l’arthrose. Elles reposent principalement
sur l’éducation du patient et la rééducation
fonctionnelle. Elles visent à freiner la progres-
sion des lésions structurales de l’articulation en
rompant le cercle vicieux : augmentation des
contraintes mécaniques – douleurs – baisse
d’activités. Elles doivent être mises en œuvre
dès les premiers stades de l’arthrose et prolon-
gées durant toute son évolution car il existe une
relation entre l’efficacité d’un programme
d’exercices et son observance [16].
L’éducation
conditionne l’observance du traite-
ment [16]. Elle doit informer le patient sur
l’importance de supprimer les activités sporti-
ves qui engendrent des poussées inflammatoi-
res et des douleurs, de conserver une activité
physique régulière [3] en priorisant celles qui
génèrent moins de contraintes sur l’articulation
fémoropatellaire (marche et cyclisme sur sol
plat, natation), de réaliser régulièrement des
exercices d’assouplissements musculaires afin
de prévenir la perte de mobilité et notamment
l’installation d’un flexum. Elle vise également
à lui enseigner les règles d’économie articulai-
re : lutter contre la surcharge pondérale, éviter
le port de charges lourdes, les marches sur ter-
rains à fort dénivelé, les marches prolongées
sur terrains accidentés, les montées et descentes
d’escaliers répétées, le port de talons hauts…
La rééducation
a pour objectifs d’entretenir les
amplitudes articulaires, d’améliorer la fonction
quadricipitale ainsi que la stabilité du genou.
Elle repose sur les principes que l’application
de stimulations cycliques modérées favorise la
synthèse de protéoglycanes par les chondrocy-
tes [2], qu’une raideur du quadriceps et/ou des
ischio-jambiers augmente les contraintes fémo-
ropatellaires et qu’une plus grande force de
quadriceps prévient la perte de cartilage au ni-
veau du compartiment fémoropatellaire exter-
ne, diminue les douleurs et améliore les capaci-
tés physiques des patients [1]. Elle doit tenir
compte de la biomécanique de l’articulation fé-
moropatellaire : dans les amplitudes comprises
entre 0 et 60° de flexion les exercices en chaîne
en cinétique ouverte sont plus contraignants
que les exercices en chaîne cinétique fermée
mais au-delà la chaîne cinétique fermée devient
plus contraignante [20].
En pratique, la rééducation associe un rodage
articulaire à faible résistance (vélo de rééduca-
tion, pédalage en piscine…), des étirements et
surtout l’apprentissage d’auto-étirements des
différentes chaines musculaires (quadriceps,
psoas-iliaque, ischio-jambiers, triceps), un tra-
vail de renforcement du quadriceps (contrac-
tions isométriques du quadriceps en chaîne ci-
nétique ouverte genou en extension, électrosti-
mulation des vastes, travail du vaste interne au
biofeedback, renforcement progressif et infra
douloureux du quadriceps en chaîne cinétique
fermée dans le secteur 0/60°), un travail pro-
prioceptif en chaîne cinétique fermée. Elle va
permettre d’établir un programme personnalisé