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L’arthrose fémoropatellaire isolée est une af-
fection à part entière, bien distincte des autres
arthroses du genou dans sa pathogenèse. Elle
n’est pas rare. Dans l’étude radiologique réali-
sée par Duncan
et al.
en 2006 [7], 24 % des
patients de plus de 50 ans souffrant de gonal-
gies présentaient des lésions dégénératives iso-
lées du compartiment fémoropatellaire. Elle
touche une population majoritairement fémini-
ne, généralement plus jeune que celle des arth-
roses fémoro-tibiales.
Sur le plan histologique, l’arthrose fémoropa-
tellaire isolée ne possède pas de spécificité pro-
pre. Elle associe des lésions du cartilage plus
ou moins profondes et plus ou moins étendues,
une condensation de l’os sous-chondral, des
ostéophytes et une inflammation de la mem-
brane synoviale plus ou moins marquée. Sur le
plan clinique sa symptomatologie est proche de
celle de l’arthrose fémoro-tibiale. La douleur
siège généralement à la face antérieure du ge-
nou, elle est de type mécanique conduisant pro-
gressivement à une limitation des activités les
plus contraignantes pour le système extenseur
(descente des escaliers, marche sur terrain en
dénivelé, accroupissement…), à une réduction
du périmètre de marche puis à une diminution
de la mobilité articulaire et au déficit de la
fonction musculaire.
L’intensité de la douleur et la difficulté à réali-
ser les activités de la vie quotidienne sont étroi-
tement liées à la sévérité du stade évolutif de
l’arthrose [8, 9, 17] objectivée radiologique-
ment par la réalisation d’un défilé fémoropatel-
laire à 30° de flexion. La classification d’Iwano
et al.
en 4 stades de sévérité croissante en fonc-
tion de la réduction de l’interligne fémoropa-
tellaire est la plus utilisée en France. Il faut en
moyenne 18 ans pour passer d’un stade I au
stade IV [5], ce qui explique que l’arthrose fé-
moropatellaire isolée soit considérée comme
longtemps bien tolérée.
Sur le plan thérapeutique, la prise en charge de
l’arthrose du genou fait l’objet de recomman-
dations internationales [13, 22], peu appliquées
dans notre pratique quotidienne. La mécon-
naissance de la maladie fait partie des raisons
pour lesquelles ces recommandations sont fai-
blement suivies [11].
Après un rappel de la physiopathologie de
l’arthrose et de la pathogénèse de l’arthrose fé-
moropatellaire isolée nous envisagerons la
place du traitement non chirurgical dans la pri-
se en charge de cette pathologie.
Physiopathologie de
l’arthrose
Les mécanismes physiopathologiques à l’ori-
gine de l’arthrose ne sont pas encore totalement
Place du traitement
médical et de la
kinésithérapie
dans l’arthrose
fémoropatellaire isolée
B. Quelard