Kuroda [18] insiste sur le fait qu’une hyper-
médialisation s’accompagne d’une augmen-
tation des contraintes fémoropatellaires.
Dans la série de Lévigne [19], l’auteur sou-
ligne le fait que les patients ayant un conflit
interne présentent une TAGT< 5 mm. Pour
Benvenutti [5], la médialisation diminue les
contraintes fémoropatellaires externes mais
augmente les contraintes internes de 154 %.
Dans notre série, aucun cas d’arthrose fémo-
ropatellaire n’a été retrouvé après abaisse-
ment isolé ; en revanche, nous avons noté
20 % d’arthrose fémoropatellaire interne
après médialisation et abaissement associé à
une médialisation. Nous rapportons une
TAGT moyenne de 8 mm chez les patients
présentant une arthrose fémoropatellaire
interne alors que la TAGT moyenne des
patients indemnes d’arthrose est de 9,7 mm.
Pour Goutallier [13], le mode d’expression
d’une TAGT élevée dépend de la forme de la
trochlée. Si l’angle trochléen est ouvert avec
une faible pente, celle-ci favorise la subluxa-
tion rotulienne externe. En revanche si
l’angle est fermé, ceci favorise, l’hyperpres-
sion de la rotule sur la joue externe de la tro-
chlée. En cas de dysplasie, l’angle trochléen
peut être ouvert à la partie proximale et
fermé à la partie distale. Dans notre série,
nous rapportons 19,6 % d’arthrose fémoro-
patellaire externe et 89,1 % des patients pré-
sentent une dysplasie de trochlée.
Analyse du compartiment fémoro-
tibial
L’étude cadavérique de Kuroda [18] rapporte
une augmentation des pressions de contact
fémorotibial interne en cas d’hypermédiali-
sation. Cette étude et l’étude clinique de
Pache [23] recommandent la prudence en
cas de réalisation d’une médialisation de la
TTA sur genu varum. Cette intervention favo-
rise selon les auteurs le développement de
lésions dégénératives du compartiment
interne. Néanmoins, l’étude biomécanique
de Kuroda a été effectuée sur des genoux
normaux (angle Q normal) et aucune men-
tion n’a été faite de la morphologie tro-
chléenne. Nous n’avons pas retrouvé de cor-
rélation entre la survenue d’une arthrose
fémorotibiale et l’importance de la médiali-
sation. Quelques autres études cliniques ont
rapporté une dégradation du compartiment
fémorotibial [4, 17] mais incluent des
patients présentant également des lésions
méniscales ou une laxité antérieure chro-
nique. L’analyse radiographique des deux
genoux chez les patients présentant une
atteinte unilatérale n’a pas montré d’inciden-
ce plus importante de l’arthrose en cas de
médialisation que sur les genoux index.
CONCLUSION
Le transfert de la tubérosité tibiale antérieu-
re donne des résultats subjectifs à long terme
satisfaisants. Cette technique apporte un bon
résultat sur le plan de la stabilité rotulienne.
L’analyse des résultats radiographiques
montre qu’il existe une évolution arthrosique
du compartiment fémoropatellaire. Cette
évolution sur le versant externe semble liée
au fait que la cinétique rotulienne est modi-
fiée en raison de l’existence de la dysplasie de
trochlée. Par ailleurs, en cas de correction
insuffisante, il persiste une hyperpression
sur le versant externe. Dans certains cas, il
existe une dégradation arthrosique sur com-
partiment fémoropatellaire interne car des
lésions cartilagineuses sont constituées lors
des épisodes de luxations et une part de
iatrogénie est parfois en cause. Pendant l’in-
tervention, l’importance de la médialisation
est dictée par la TAGT, la correction à effec-
tuer est alors objective et mesurée mais il
existe un risque d’hypercorrection lié à l’opé-
rateur par crainte d’une récidive de luxation.
Désormais afin de pallier cet inconvénient,
nous associons une reconstruction du liga-
ment patello fémoral médial (MPFL) qui
autorise une médialisation plus modérée. La
médialisation excessive expose à des conflits
fémoro-patellaires internes à 30° de flexion
car ce geste permet une stabilisation à partir
RÉSULTATS À LONG TERME DES TRANSPOSITIONS DE LA TUBÉROSITÉ TIBIALE ANTÉRIEURE…
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