

Mais cela n’est pas toujours possible. C’est le
cas notamment des rotules fines pour les-
quelles la coupe osseuse impliquerait une fra-
gilisation excessive et un risque de fracture. Il
semble d’ailleurs licite de se demander si les
rotules les moins épaisses pourraient préféren-
tiellement ne pas être resurfacées, évitant ainsi
un épaississement aux conséquences néfastes.
Epaisseur de rotule et descellement
Certains travaux ont étudié le comportement
biomécanique du compartiment fémoro-patel-
laire en termes de force et de pression. Il en res-
sort, comme nous l’avons vu plus haut que
l’épaississement de la rotule accroît les
contraintes entre les implants [7]. Celles-ci
pourraient être à l’origine de douleurs anté-
rieures inexpliquées à court terme. A plus long
terme, on peut imaginer une usure précoce ou
encore l’apparition d’un descellement rotulien
ou fémoral du fait de ces contraintes excessives.
Toutefois, nous n’avons pas retrouvé d’étude
clinique mentionnant cette éventuelle relation.
Evaluation du travail
Nous avons vu dans ce travail qu’il est relati-
vement délicat d’analyser les résultats isolés
d’un compartiment d’une prothèse totale du
genou, tant le nombre de facteurs entrant en
jeu est grand. Lorsque l’on essaie de limiter le
nombre de paramètres impliqués, on se heurte
au problème du nombre. Ainsi notre série
n’offre qu’une puissance de 37 % quant à
l’analyse de la flexion postopératoire.
Toutefois, la série d’origine des 2 groupes de
patients est relativement importante avec
1 460 individus. Les données concernant ces
patients ont été recueillies de manière pros-
pective, ce qui permet d’en assurer la
meilleure fiabilité. Toujours dans le même
sens, les critères de sélection des patients
garantissent l’homogénéité des groupes.
Enfin, l’analyse radiologique de la flexion
postopératoire assure la reproductibilité et la
précision de la mesure.
CONCLUSION
Il ressort de cette étude que seul le score IKS
Fonction est en relation direct avec une modi-
fication de l’épaisseur de la rotule, l’épais-
sissement péjorant plutôt le résultat alors que
l’amincissement a tendance à l’améliorer.
L’attitude du service est d’obtenir une rotule
d’épaisseur inférieure aux valeurs préopéra-
toires. Ainsi ce travail vient directement étayer
ce choix.
En outre, nous avons vu que cela ne se tradui-
sait en aucun cas par une instabilité rotulienne
dans la mesure où les implants étaient posés
convenablement avec un équilibrage ligamen-
taire soigneux. Le seul risque de cette stratégie
réside dans l’éventuelle fragilisation de la rotu-
le. Toutefois, il nous arrive de ne pas procéder
au resurfaçage en cas de rotule trop mince, afin
de ne pas courir le risque de fracture.
Pour finir, il serait bon de poursuivre ce tra-
vail à une plus grande échelle, afin de conser-
ver les qualités de l’étude en termes de limi-
tation de biais tout en gagnant en puissance
statistique.
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JOURNÉES LYONNAISES DE CHIRURGIE DU GENOU
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