Lors de l’implantation d’une prothèse totale du
genou, le chirurgien cherche à reproduire
l’anatomie des surfaces articulaires le plus pré-
cisément possible, dans l’espoir d’améliorer
les résultats sur la douleur et sur la fonction.
Depuis quelques années, de nombreuses
études ont montré que les variations de forme
du fémur distal et du tibia proximal sont
importantes, rendant cette reproduction diffici-
le avec un seul type d’implant [1, 3, 6, 7]. Ces
variations de forme ont poussé les fabricants à
diversifier leurs gammes et à proposer des
pièces fémorales de forme variable, avec soit
des modèles “Hommes – Femmes” (Gender
knee, Zimmer, Warsaw IN) soit des modèles
“Fémurs larges – Fémurs étroits” (HLS-
Kneetec, Tornier SA, Saint Ismier France).
Cette approche a été récemment critiquée par
certains qui, s’appuyant sur l’absence de diffé-
rence de résultats démontrés entre femmes et
hommes, dénient l’intérêt d’une gamme pro-
thétique spécifique selon le genre [4, 5, 8, 10,
11]. Inversement, Mahoney [9] a montré
qu’une adéquation optimale de la pièce fémo-
rale prothétique aux contours osseux diminue
les douleurs résiduelles. En pratique quoti-
dienne, cette offre supplémentaire, représente
un confort dans la pratique chirurgicale quoti-
dienne, même si son intérêt en terme de résul-
tat reste à démontrer.
Par ailleurs, le choix de la taille d’un compo-
sant prothétique dépend également des rap-
ports de taille entre le fémur et le tibia. Ainsi,
la taille du composant fémoral est en partie
conditionnée par celle utilisée pour la pièce
tibiale et vice versa, en fonction de la tech-
nique opératoire utilisée. La possibilité de
découplage des tailles, entre le fémur et le
tibia, peut apporter une certaine souplesse
dans la décision mais ne peut se faire que dans
certaines limites et pose deux types de pro-
blèmes : celui de la congruence des surfaces de
glissement et celui des contraintes sur
l’ancrage tibial [2]. L’utilisation de plateaux
rotatoires peut permettre un découplage des
tailles mais les conséquences mécaniques en
sont mal connues.
Aucune étude morphométrique, à notre con-
naissance, n’a analysé la correspondance entre
les dimensions fémorales et tibiales. Est-il
important de disposer de deux gammes de
pièces fémorales, de deux gammes de pièces
tibiales ou des deux ? Le dessin des implants
doit-il permettre un découplage des tailles entre
fémur et tibia, et si oui de combien de tailles ?
Le but de cette étude était d’analyser [1] les
variations morphologiques du fémur et du tibia
[2] l’influence du genre, [3] du morphotype en
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PEUT-ON RECONSTITUER L’ANATOMIE DU
GENOUAVEC UN SEUL TYPE D’IMPLANT ?
M. BONNIN, A. SCHMIDT, Y. CARRILLON, T. AÏT SI SELMI