Depuis les années 80, la reconstruction
arthroscopique du LCA est devenue une opé-
ration de routine [5] puisqu’aux Etats-Unis 75
à 100 000 ligamentoplasties du LCA sont réa-
lisées chaque année [22]. Avec suffisamment
de recul, de très nombreuses études ont été
réalisées depuis pour analyser les techniques
opératoires, les différents types de greffe, les
modes de fixation, les protocoles de rééduca-
tion et surtout les échecs. Malgré la satisfac-
tion de revoir nos patients reprendre leur acti-
vité sportive souvent au même niveau
qu’avant l’accident, le taux d’échec à long
terme reste préoccupant et varie de 10 à 30 %
selon les séries [3, 6, 12]. De plus, le taux de
ressaut rotatoire résiduel est estimé à 15 %
selon une revue de la littérature [15].
Avec une meilleure connaissance de l’anato-
mie et de la biomécanique du genou, de nom-
breuses techniques chirurgicales reprodui-
sant la complexité du LCA ont été développées
ces dernières années. Depuis 1987, certains
chirurgiens se sont intéressés aux reconstruc-
tions double faisceau du LCA [23]. C’est sur-
tout sous l’impulsion des équipes Japonaises
dans les années 2000 que ces techniques de
reconstruction anatomique se sont dévelop-
pées [1, 4, 7, 10, 11, 13, 14, 16, 18]. Après plu-
sieurs discussions sur l’anatomie exacte du
faisceau postéro latéral et notamment de son
insertion fémorale [17], il semble qu’un
consensus se dégage. Depuis les travaux de
Yasuda [20], confirmés récemment par
Zantop [22], il apparaît que l’insertion fémo-
rale du faisceau postéro-latéral soit plus dista-
le que l’avait initialement décrite Rosenberg
[17]. Sur le plan biomécanique de nombreux
travaux ont démontré l’intérêt des reconstruc-
tions double faisceau permettant de restaurer
une meilleure cinématique du genou et
notamment un meilleur contrôle des rota-
tions [2, 8, 19]. Ces résultats sont confirmés
par une étude clinique prospective comparati-
ve récente de Yasuda qui retrouve un meilleur
contrôle sur la laxité antéro-postérieure et sur
le pivot rotatoire par les techniques de recons-
truction double faisceau [21].
Il faut cependant rester prudent car de nos
jours encore, une reconstruction arthrosco-
pique mono faisceau du LCA reste techni-
quement délicate. La multiplication des dif-
ficultés techniques augmente les risques
d’erreurs, d’autant, que l’une des causes
d’échec des techniques actuelles vient du
mauvais positionnement du tunnel fémoral.
Dans cette note technique nous décrivons
une technique de reconstruction anatomique
double faisceau simplifiée et reproductible.
Cette technique utilise comme transplant les
tendons du droit interne et du demi-tendi-
neux avec un tunnel tibial et deux tunnels
fémoraux. L’originalité vient de la réalisation
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RECONSTRUCTION DOUBLE FAISCEAU
DU LIGAMENT CROISE ANTÉRIEUR
PAR TENDONS DE LA PATTE-D’OIE
B. SONNERY-COTTET, J-PH. HAGER, Y. FOURNIER, P. CHAMBAT