Dans notre série, le sexe féminin est un fac-
teur de risque que nous ne pouvons expliquer.
Ce facteur n’a jamais été trouvé corrélé aux
retards de récupération dans les publications
antérieures. Une seule étude fait état d’une
liaison significative ente la perte de mobilité
postopératoire et le sexe masculin [11].
Comparativement au groupe des hommes, la
contusion du condyle externe et le déficit de
mobilité n’étaient pas plus fréquents chez les
femmes. Néanmoins 34,3 % des femmes qui
avaient une contusion du condyle externe ont
été opérées avant 45 jours contre 14,5 % des
hommes (khi-deux = 6,50 ; p = 0,01).
Le principal point faible de notre étude réside
dans le délai entre la date de l’IRM et celle de
l’intervention, sachant que la moitié des
contusions disparaissent dans les 6 mois qui
suivent le traumatisme. La répartition de la
population en fonction du délai IRM – chirur-
gie est donnée dans le graphique 1. Ce biais
aurait pu être évité par la réalisation systéma-
tique à tous les patients d’une IRM dans les
4 semaines avant la date opératoire. En pra-
tique, cela reste difficile, les patients arrivant
bien souvent avec leurs clichés d’imagerie lors
de la 1
re
consultation auprès du chirurgien.
Notre choix d’un délai opératoire dichotomi-
sé à 45 jours laisse à penser, mais sans pou-
voir l’affirmer, que la plupart des contusions
visibles sur les IRM préopératoires devaient
être encore présentes au moment de la chi-
rurgie chez les patients opérés moins de
45 jours après la rupture ligamentaire. La
variabilité des délais de résorption de ces
lésions permet d’expliquer l’absence de
retards de récupération chez des patients
présentant des contusions, du condyle exter-
ne, opérés avant 45 jours (14,3 %) et, inver-
sement, l’existence de retard de récupération
chez des patients qui avaient des contusions
condyliennes externes et opérés au-delà de
45 jours (36,1 %).
CONCLUSION
De notre étude il ressort que la lésion de
“bone bruise” du condyle externe et le déficit
de mobilité préopératoire sont des facteurs
de risque majeur de rééducation difficile
après greffe du ligament croisé antérieur. Ces
2 facteurs sont étroitement liés. Cependant,
une mobilité complète en préopératoire ne
permet pas d’éliminer avec certitude des
suites difficiles s’il existe une contusion
condylienne externe, d’autant que le patient
est opéré rapidement après le traumatisme
responsable de la rupture.
Une chirurgie ne devrait être envisagée préco-
cement qu’en l’absence totale de contusion
osseuse à l’IRM ou éventuellement si la contu-
sion osseuse est localisée uniquement sur le
plateau tibial externe chez des patients ayant
récupéré une mobilité complète de leur genou.
13
es
JOURNÉES LYONNAISES DE CHIRURGIE DU GENOU
188
Graphique 1 : Répartition
de la population (nombre
de patients) en fonction
du délai opératoire et du
délai entre l’IRM et l’in-
tervention.