Table of Contents Table of Contents
Previous Page  377 / 460 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 377 / 460 Next Page
Page Background

F. Gadea et coll.

376

Introduction

Dans la méta-analyse de Freedman

et coll.

, il

est rapporté 22 % de douleurs antérieures après

reconstruction du ligament croisé antérieur

(LCA) par tendon rotulien et 11,5 % avec les

ischiojambiers [1]. Les principaux facteurs in-

criminés dans le syndrome rotulien fonctionnel

après reconstruction du LCA sont la faiblesse

du quadriceps et dans une moindre mesure la

contracture des ischiojambiers, sans que l’on ait

réellement montré si la dysfonction musculaire

en était la cause ou la conséquence [2, 3]. S’il

existe une corrélation positive entre le déficit

musculaire postopératoire et les douleurs anté-

rieures [4, 5], il a été montré que la douleur an-

térieure retardait la récupération musculaire [6]

et que la récupération musculaire était corrélée

à la diminution des douleurs antérieures [7].

Quel que soit le type de greffe et malgré les

protocoles classiques de rééducation, les défi-

cits musculaires, 6 mois après la reconstruction

d’un LCA, sont inévitables avec des différen-

tiels moyens de 10 à 30 % [8]. De plus, à long

terme, le déficit, de l’ordre de 5 à 10 %, est très

souvent asymptomatique [6, 9-11].

L’utilisation de l’isocinétisme dans la rééduca-

tion du LCA apporte 2 nouveautés par rapport

aux techniques conventionnelles. Sur le plan

diagnostique, l’isocinétisme est capable d’éva-

luer avec précision la symétrie de chaque mus-

cle par rapport au côté controlatéral ainsi que le

ratio agoniste/antagoniste sur chaque membre

[12]. Sur le plan thérapeutique, la maîtrise de la

vitesse et des amplitudes permet de travailler

efficacement la contraction musculaire en zone

infradouloureuse, ce qui lui donne un avantage

considérable par rapport aux techniques classi-

ques y compris celles utilisant la chaîne cinéti-

que fermée [13].

L’isocinétisme a largement été utilisé dans l’éva-

luation des déficits musculaires après recons-

truction du LCA [4-6, 8-11, 14-17]. Mais à notre

connaissance, aucune étude n’a évalué, à ce jour,

l’utilisation de l’isocinétisme comme outil de

rééducation dans les syndromes rotuliens fonc-

tionnels après ligamentoplastie du LCA. Même

dans le cadre du syndrome rotulien primitif, la

rééducation isocinétique reste assez peu étudiée

avec seulement 2 séries retrouvées dans la litté-

rature, qui font état de résultats très satisfaisants

pour la diminution des douleurs [18, 19].

Notre objectif est d’évaluer l’efficacité de la

rééducation isocinétique au moyen de l’EVA et

du score IKDC subjectif dans la prise en charge

des douleurs antérieures après ligamentoplastie

du LCA. Notre hypothèse est de montrer qu’en

cas de douleurs antérieures résistantes aux

techniques de rééducation classiques, notre

protocole de rééducation isocinétique permet-

tait une diminution des douleurs et une reprise

des activités quotidiennes et sportives.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude monocentrique, rétrospec-

tive portant sur l’ensemble des patients présen-

tant une douleur antérieure invalidante dans les

suites d’une reconstruction du LCA, pris en

charge par un protocole de renforcement mus-

culaire isocinétique. Pour être inclus, la pre-

mière séance de rééducation isocinétique doit

avoir été réalisée dans les 3 ans suivant la liga-

mentoplastie. Afin de minimiser les facteurs de

confusion, les patients ayant présenté une ré-

intervention pour rupture itérative précoce –

arbitrairement fixée à 3 ans suivant la première

ligamentoplastie, ainsi que ceux dont le déficit

musculaire du quadriceps était inférieur à 15 %

par rapport au côté non opéré ont été exclus. En

revanche les patients réopérés pour une cure de

cyclope ont été inclus.

La population est composée de 48 patients. Il y

a 27 femmes pour 21 hommes. L’âge moyen au

moment de la chirurgie est de 35 ans (16-55).

Six 6 patients sont repris pour cure de cyclope.

Les greffes utilisées se répartissent en 18 trans-

plants libres de tendon rotulien (TR), 26 Droit-

Interne-Demi-Tendineux (DIDT), 3 Demi-

Tendineux (DT) et 1 transplant libre de tendon

quadricipital (TQ). Afin d’avoir le maximum

de puissance, les greffes sont réparties en

2 groupes : appareil extenseur et ischiojam-

biers. Le délai moyen entre la ligamentoplastie

et la première séance d’isocinétisme est de

11 mois (4-35 mois).