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Evaluation d’un protocole de rééducation isocinétique…

381

dèle

in vivo

de déficit d’extension. Ces résultats

font penser que le déficit d’extension en post-

opératoire est un facteur péjoratif du résultat de

la ligamentoplastie. Ceci rejoint les résultats de

Natri qui avait montré, dans une population de

LCA reconstruits, le lien entre le déficit d’ex-

tension et le déficit musculaire [5]. Nous man-

quons à ce jour d’arguments scientifiques for-

mels, mais ce phénomène s’explique probable-

ment par la sous-utilisation du Vastus Médialis

secondaire à la limitation des activités contrac-

tiles du quadriceps dans des secteurs proches

de l’extension. Ce processus peut entraîner une

fonte musculaire rapide avec une désynchroni-

sation de l’unité musculo-articulaire Vastus

Latéralis/Vastus Médialis Oblique [30]. Tout

en contre-indiquant l’hyperextension [31], ces

résultats vont dans le sens de nos protocoles de

rééducation qui font de la lutte contre le fles-

sum une priorité. Nous insistons particulière-

ment sur la lutte contre la co-contraction qua-

driceps-ischiojambiers avec l’apprentissage

dès le préopératoire d’exercices d’auto-con-

tractions isométriques du quadriceps. Nous

avons de plus introduit dans nos protocoles la

réalisation précoce d’étirements doux en chaî-

ne cinétique fermée des ischiojambiers au

moyen d’une planche à roulette. Comme le

propose Isberg, une des pistes de réflexion dans

l’avenir pourrait être l’introduction précoce,

uniquement en rééducation, de certains exerci-

ces en chaîne cinétique ouverte [32].

En termes de renforcement musculaire, l’ap-

port des appareils isocinétiques comme outil de

rééducation nous apparaît considérable car il

permet un renforcement spécifique du quadri-

ceps et des ischio-jambiers aussi bien en mode

concentrique qu’excentrique. Le quadriceps est

à l’heure actuelle considéré comme le muscle

responsable du syndrome rotulien fonctionnel.

Or, après reconstruction du LCA, quel que soit

le type de greffe et malgré des rééducations

bien conduites, c’est le quadriceps qui met le

plus de temps à récupérer [6]. Il nous paraît im-

portant de rappeler dans cet article quelques

principes biomécaniques du rôle joué par le

quadriceps sur la rotule [33]. La contraction

concentrique du quadriceps est essentielle pour

le verrouillage de la rotule, principalement pro-

che de l’extension où le vastus médialis joue un

rôle capital dans le centrage de la rotule. La

contraction excentrique du quadriceps est es-

sentielle dans les situations de surcharge de

l’articulation fémoropatellaire comme lors de

la descente des escaliers car il absorbe comme

un amortisseur la majeure partie du poids du

corps. Si le rôle du déficit des ischiojambiers,

dans les syndromes rotuliens après reconstruc-

tion du LCA, est plus discuté que celui du qua-

driceps [22, 34, 35], nous pensons qu’il ne faut

pas le négliger. Dans l’avenir, les objectifs de la

rééducation isocinétique pourraient à terme

s’étendre à la récupération du ratio agoniste/

antagoniste, mais à l’heure actuelle nos proto-

coles ne prennent pas en compte ce paramètre

dans les objectifs de rééducation.

Les limites de notre travail sont le caractère ré-

trospectif, la faiblesse de l’effectif, le caractère

subjectif de l’évaluation et l’absence de com-

paraison avec les techniques de rééducation

classiques. Notre méthodologie est critiquable,

car la population inclue n’est pas représentative

de toutes les douleurs antérieures après recons-

truction du LCA mais seulement des syndro-

mes rotuliens fonctionnels pris en charge par

isocinétisme.

Conclusion

Notre étude montre que l’isocinétisme après re-

construction du LCA est une technique qui per-

met une amélioration fonctionnelle considérable

dans les syndromes rotuliens fonctionnels résis-

tants aux techniques usuelles de rééducation.

A notre connaissance, il s’agit de la première

étude basée sur l’évaluation de l’isocinétisme

comme outil de rééducation dans les syndro-

mes rotuliens fonctionnels après reconstruction

du LCA. L’isocinétisme ne permet pas, à lui

seul, la régression des douleurs antérieures, en

revanche son apport comme catalyseur de la

rééducation en fait un outil indispensable en

complément des techniques classiques de réé-

ducation pour débloquer les situations d’échec

de ces dernières.