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MAITRISE ORTHOPEDIQUE
INDICATIONS ACTUELLES
DES PROTHÈSES CHARNIÈRES
Sébastien LUSTIG, Cécile BATAILLER, Elvire SERVIEN
Service de chirurgie orthopédique, CHU Lyon Croix Rousse
La définition des prothèses
charnières a été rappelée
récemment dans le rapport de
l’HAS sur les implants articu-
laires : « L’implant femoral et
l’implant tibial sont lies entre
eux par un moyen d’union de
type charniere palliant la de-
ficience des formations liga-
mentaires du patient. Cette
charniere est fixe ou rota-
toire. » Ces déficiences liga-
mentaires peuvent être dues
soit à des pertes de substance
osseuse, soit à une insuffisance
des structures ligamentaire,
dans un contexte de chirurgie
de première intention ou de
reprise.
L’utilisation de ces prothèses
charnière néanmoins reste
codifiée, car elles présentent
des risques spécifiques (néces-
sité de quille pour compenser
les contraintes augmentées à
l’interface os/implant, risques
de descellement, risque infec-
tieux…) qui ont amené l’HAS
à définir précisément leurs
indications. Nous avons sou-
haité dans ce chapitre détailler
les différentes situations pour
lesquelles une prothèse char-
nière peut être une option
intéressante.
A.
P
rothèse
de genou
de
première
intention
L’utilisation des prothèses
contraintes en première inten-
tion est inhabituelle, mais reste
néanmoins un choix intéres-
sant dans certaines situations
particulières pour lesquelles
l’équilibrage ligamentaire ou
la stabilité du genou s’avère
impossible à obtenir avec un
implant standard.
1. Valgus sévère
avec insuffisance
du ligament collatéral
médial (LCM) :
(Fig. 1,2 et 3)
Dans un stade d’usure osseuse
sévère associée à une laxité liga-
mentaire médiale, l’équilibrage
ligamentaire peut nécessi-
ter des gestes complexes de
détente du plan externe asso-
ciés à une retente ligamentaire
du plan interne, raisonnables
Figure 1 : Indication classique de prothèse contrainte, chez une patiente de plus de 85 ans
avec un valgus sévère et une incompétence du ligament collatéral médial.
Figure 2 : Schéma illustrant les risques de laxité interne en cas d’utilisation d’une pro-
thèse à glissement « classique » pour un valgus avec incompétence du LCM.
Figure 3 : Radiographie post-opératoire et photo d’une prothèse charnière à pivot rota-
toire peu encombrante (Rotax,Lepine®), pouvant être utilisée même chez les patientes de
gabarit modéré.
chez un patient en bon état
général avec une espérance de
vie longue. Par contre chez un
patient à l’état général précaire,
chez qui on souhaite faciliter
une récupération rapide, la
prothèse charnière peut être
une excellente indication.
La voie d’abord peut être
médiale ou latérale, selon la
course rotulienne (une rotule
sub-luxée en pré-opératoire
oriente plutôt vers un abord
externe) et la prothèse choi-
sie doit permettre l’utilisation
d’implants de petite taille, avec
notamment des quilles fines
ou de longueur modérée, car
il s’agit souvent de patientes
de petite taille avec des tibia
courbes en « S » pour lesquelles
une quille centrée « d’office »
sur le canal médullaire empê-
cherait toute flexibilité pour le
positionnement de l’implant
notamment tibial. De même
un implant trop volumineux
risquerait de compromettre
la fermeture cutanée, et il est
MISE AU POINT