greffes du LCP est devenue plus exigeante en
termes de technicité, plus prudente en
termes de délai et plus progressive en termes
de récupération.
Nous nous limiterons ici à la rééducation des
reconstructions isolées mono faisceau sans
autre lésion ligamentaire associée.
Quels sont les compromis de
rééducation spécifiques à cette
chirurgie ?
En reconstruisant les fibres antéro-latérales
du LCP, la chirurgie restaure, au moins en
partie, le frein primaire à la translation pos-
térieure du tibia et redonne au genou une
stabilité passive en flexion. La rééducation
doit lui permettre de retrouver une mobilité
et une stabilité active optimales sans exposer
le transplant à des contraintes susceptibles
de le déplacer ou le distendre et sans com-
promettre la cicatrisation du site donneur.
Comment protéger le transplant et sa
fixation des contraintes excessives ?
La greffe reproduit la biomécanique des
fibres antéro-latérales du LCP. Les mesures
de protection du transplant se basent sur ces
données biomécaniques :
1) Récupérer lentement et très progressi-
vement les amplitudes de flexion au-
delà de 70°.
La greffe est mise en tension
à 70° de flexion [3]. La distance entre ses
sites d’ancrage augmente avec l’angle de
flexion, entraînant une augmentation pro-
gressive des contraintes sur les fixations.
2) Supprimer les contraintes en tiroir pos-
térieur en immobilisant le genou dans
une attelle en extension et en plaçant
un contre-appui à la face postéro-supé-
rieure du tibia.
La greffe s’oppose aux
contraintes en tiroir postérieur appliquées
au tibia, en association avec les structures
ligamentaires périphériques entre 0° et
70° puis seule de 70° à 120° (fig. 1). A 0°,
70% des contraintes sont absorbées par
les formations périphériques [5]. La mise
en place d’une attelle en extension avec un
contre-appui à la face postéro-supérieure
du tibia supprime les 30 % restantes que
doit supporter le transplant.
3) Supprimer les contraintes en tiroir
postérieur en supprimant la flexion
active du genou par les ischio-jambiers
et le renforcement de ce groupe mus-
culaire en CCO.
La contraction des
ischio-jambiers crée d’une part une force
de glissement postérieur du tibia sous le
fémur dont l’intensité augmente avec
l’angle de flexion et avec l’application de
résistance s’opposant au mouvement et
d’autre part une force de coaptation
fémoro-tibiale dont l’intensité diminue
avec l’angulation. A 0°, la force de glisse-
ment postérieur est nulle au profit d’une
force de coaptation maximale.
4) Récupérer rapidement la fonction du
quadriceps et des jumeaux.
La contrac-
tion du quadriceps ainsi que celle des
jumeaux créent une force de glissement
antérieure du tibia sous le fémur proté-
geant la greffe et sa fixation.
5) Débuter rapidement la remise en char-
ge.
Du fait de l’augmentation des forces
de compression fémoro-tibiale, l’appui
réduit les forces de glissement entre le
fémur et le tibia [4]. Il n’a donc pas d’ac-
13
es
JOURNÉES LYONNAISES DE CHIRURGIE DU GENOU
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Fig. 1 : Pourcentage de contraintes s’exer-
çant sur les différents contingents du LCP
et les formations périphériques en fonction
de la flexion selon RACE et AMIS.