implants utilisés. Le facteur le plus maîtrisable
est probablement l’implant et son positionne-
ment. Classiquement, le positionnement consi-
déré comme idéal est un AFTm à 180°. Notre
étude, sans remettre en question cet idéal,
évoque la possibilité de s’en écarter. Par
exemple, dans les déformations préopératoires
sévères (>10°), la normocorrection est un chal-
lenge chirurgical nécessitant des coupes asy-
métriques et des libérations ligamentaires
importantes. La possibilité de conserver une
légère déformation résiduelle (légère hypocor-
rection) permettrait une chirurgie plus aisée
avec un résultat comparable.
De nombreux auteurs pensent que les
meilleurs résultats sont obtenus avec un AFTm
proche de 180°. Selon Longstaff
et al.
[11], la
récupération fonctionnelle est plus précoce, les
résultats cliniques meilleurs et la durée
d’hospitalisation plus courte. Pour Fang
et al.
[6], la survie des implants serait également
plus importante, en particulier dans une impor-
tante série de 6070 PTG.
En groupant dans notre étude les patients selon
le morphotype et l’importance de la déforma-
tion préopératoire, on observe de meilleurs
résultats cliniques dans le groupe de genu
varum importants (déformation ≥ 10° due à
l’augmentation du varus tibial et une légère
augmentation du varus fémoral) quand il per-
siste un varus résiduel, celui-ci étant plutôt
d’origine fémorale. Insall
et al.
[8] a déjà évo-
qué de ne pas corriger complètement les genu
varum importants en raison de la difficulté
technique. L’importance du genu varum
comme source d’allongement du temps opéra-
toire a été aussi décrite par Sampath
et al.
[19].
Ainsi, selon ces deux auteurs et notre expé-
rience, une légère hypocorrection, cible plus
aisée à obtenir, permettrait une chirurgie plus
rapide et probablement moins de complica-
tions. D’autre part, l’équilibrage ligamentaire
est plus facile et les coupes osseuses moins
asymétriques. La tension dans les tissus mous
environnant en particulier sur le versant inter-
ne serait ainsi moins importante et les
meilleurs résultats pourraient être liés à une
meilleure cinétique prothétique ou de
moindres douleurs résiduelles. La perception
de la correction angulaire par le patient lui-
même et son évaluation subjective n’influence
pas les scores IKS dans l’étude de Gandhi
et
al.
[7] mais les auteurs émettent tout de même
l’idée que les modifications proprioceptives
liées à la correction affectent la cinématique
prothétique et les résultats fonctionnels. Ces
idées ont déjà été évoquées dans les études
d’ostéotomies de valgisation tibiale où la cor-
rection totale voire l’hypercorrection d’une
grande déformation serait liée à des douleurs
résiduelles [21].
Les prothèses totales de genou reprises n’ont
pas été intégrées à l’analyse du score IKS. La
prise en compte du score IKS avant reprise ris-
querait de biaiser l’analyse des scores selon les
axes. Le taux de reprise a été néanmoins ana-
lysé selon le degré de correction. En effet, plu-
sieurs auteurs ont observé des taux de reprise
ou d’échec mécanique supérieurs dans les
groupes de prothèses dites non alignées (varus
ou valgus résiduels) [3, 6, 10, 15, 18]. Nous
n’avons pas observé de taux de reprise statisti-
quement différent dans ces cas. Il n’y a égale-
ment pas été observé de différence dans la
série de Bankes
et al.
[1] et Morgan
et al.
[16].
La principale limite de l’étude est son caractè-
re rétrospectif. L’effectif limité du groupe val-
gus ne nous permet pas d’aboutir aux mêmes
conclusions que pour le groupe varus.
Egalement, l’analyse des résultats fonctionnels
a été réalisée à l’aide du score IKS, celui-ci
étant le plus utilisé dans la littérature mais ce
score intègre le défaut d’axe et pourrait ainsi
constituer un biais majeur. En effet, une défor-
mation résiduelle entraîne une diminution du
score IKS proportionnelle à son importance.
Néanmoins, les scores fonctionnels en cas
d’hypocorrection étaient tout de même
meilleurs dans le groupe de genu varum
importants. Le taux de complications serait un
critère plus indépendant et nous avons ainsi
analysé le taux de reprise mais il conviendrait
dans une étude complémentaire d’analyser le
taux de descellement ou d’autres types de
complications mécaniques. D’autre part,
l’origine intra-articulaire ou extra-articulaire
de la déformation n’a pas été étudiée, ni sur le
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JOURNÉES LYONNAISES DE CHIRURGIE DU GENOU
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