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MAITRISE ORTHOPEDIQUE
RENCONTRE
de restaurer le bon niveau de
l’interligne articulaire, vous au-
rez du mal à stabiliser. Si vous
ne distalisez pas le fémur et ne
rétablissez pas le bon interligne,
vous aurez un problème. Donc,
je pense que ce sont des ques-
tions qui doivent vraiment être
traitées dans un symposium sur
les reprises. Comment équili-
brez-vous le genou? Comment
gérez-vous l’énorme écart en
flexion dans les reprises ?
: Parlez-nous de votre
formation ?
A.M. :
J'ai fait mes trois années
de résidence dans le départe-
ment d'orthopédie d’un hôpi-
tal universitaire de Mumbai.
À la fin de ces trois années,
vous obtenez une maîtrise en
chirurgie. Ensuite, vous pou-
vez continuer dans un hôpital
universitaire, aller poursuivre
votre formation à l'étranger,
ou vous pouvez commencer
votre propre exercice privé. J'ai
choisi de rester dans un hôpital
universitaire. J'ai travaillé dans
ce même hôpital en tant que
conférencier, ce qui le niveau
juste en dessous de professeur.
Mon job consistait à enseigner
les étudiants et à les former à la
chirurgie. Durant cette période,
le Royal College of Surgeons
of England avait mis au point
un programme de formation
de médecins étrangers. Le pro-
gramme était basé sur le fait
que vos propres professeurs
pouvaient vous recommander
au Royal Collège mais avec
l'assurance que vous retourne-
riez dans votre pays d'origine
après votre formation. Alors
j'ai postulé au Royal College et
ils avaient un poste vacant dans
un bel hôpital en Angleterre.
Je suis m’y suis rendu pour un
entretien d’embauche. J'ai bien
aimé les gens que j’ai rencontré
là-bas et ils m'ont apprécié.
: Et où était-ce ?
A.M. :
Dans un hôpital appelé
Black Notley à Essex. C'était un
hôpital historique qui ne faisait
que de la chirurgie froide. Mais
malheureusement, avec les
réformes du NHS, il a été dé-
moli et vendu à un promoteur
immobilier. Quoi qu'il en soit,
je suis très heureux d'avoir été
formé là-bas et c’est là que j'ai
appris l'arthroplastie prothé-
tique. Bien que le programme
ait été prévu pour 2 ans, je suis
resté au Royaume-Uni pendant
quatre ans. Après Black Notley,
j'ai suivi une formation d'un
an dirigée par l'Université de
Liverpool. J'ai donc travaillé à
Liverpool et ensuite ils m'ont
nommé comme consultant
dans l'un des hôpitaux près de
Liverpool. J'ai travaillé là-bas
pendant un moment et puis j’ai
voulu retourner dans mon pays.
: C’était dur d'être loin
de chez soi ?
A.M. :
Pas pour ces quelques
années. Je m'étais marié quand
j'étais conférencier et j'avais
emmené ma femme avec moi.
Ma femme est une ergothéra-
peute qualifiée. Elle avait égale-
ment postulé pour un poste au
Royaume-Uni et nous avions
tous les deux un emploi. Au dé-
but, nous avons travaillé dans
deux villes différentes, mais
par la suite, elle a pu obtenir
un poste dans le même hôpital.
Donc, nous travaillions dans le
même hôpital et nos salaires
combinés étaient plutôt conve-
nables parce que nous n'avions
pas de grosses dépenses. Nous
étions logé par l'hôpital et en
deux mois nous avons pu éco-
nomiser suffisamment d'argent
pour aller s’acheter une voi-
ture d'occasion, ce qui était
important pour aller d'un en-
droit à l'autre. Pendant quatre
ans, nous avons passé du bon
temps. Nous voulions faire au-
tant de voyages que possible,
aussi durant cette période j'ai
aussi profité d’un fellowship
AO en Allemagne. Je voulais
faire de la chirurgie du membre
supérieur, alors je suis allé au
Massachusetts General Hospi-
tal aux États-Unis et j'ai fait un
fellowship de trois mois avec
Jessi Jupiter. Ensuite, j'ai voulu
faire aussi de la colonne verté-
brale. Avant de rentrer en Inde,
nous sommes allés à Hong
Kong et j'ai travaillé à l'Univer-
sité de Hong Kong en chirurgie
rachidienne et pédiatrique.
: Vous ne saviez pas très
bien ce que vous alliez faire
plus tard ?
A.M. :
Je n'ai pas trouvé per-
sonne pour me prédire mon
avenir professionnel dans une
boule de cristal! Je voulais m’as-
surer toutes les bases et être
aussi bien formé que possible.
: Quelle était votre situa-
tion professionnelle quand
vous êtes retourné en Inde?
A.M. :
Il est très difficile de
commencer une installation
en Inde. À Mumbai, c'est
extrêmement compétitif et il
y avait beaucoup de chirur-
giens de grande réputation. Je
ne pouvais pas retourner dans
mon hôpital d'enseignement
parce que j'avais démissionné
de cet hôpital et, de plus, je ne
voulais pas retourner dans un
hôpital universitaire. Il y a un
certain nombre d'hôpitaux pri-
vés et je les ai tous contactés.
L'un d'entre eux, l'hôpital de
Bhatia, a accepté de m'engager.
Donc, j'ai commencé là. Je me
suis également adressé au plus
grand hôpital de Mumbai où il
y avait un chirurgien très répu-
té, le Dr KT Dholakia. C’était
une personnalité imposante,
non seulement par sa taille
mais aussi par sa réputation. Il
est décédé il y a quelques an-
nées mais il était absolument
exceptionnel. Tout le monde
en Inde le connaissait et c’était
un vrai Patron. J'ai envoyé
ma demande sans m'attendre
à recevoir de réponse, car
ils n'avaient pas pris d'autres
chirurgiens depuis des années.
Heureusement, mon CV a atti-
ré l’attention et ils m'ont invité
pour une interview. J'ai rejoint
l'hôpital de Mumbai en 1994.
Le docteur Dholakia a d'abord
proposé de me faire entrer dans
son équipe, mais il a changé
d'avis parce que ses 5 assistants
chirurgiens n'étaient pas très
emballés par ma venue. Il m'a
pris à part et a dit: «Écoutez,
je suis vraiment désolé, mais si
vous me demandez mon avis,
vous devriez commencer de
façon indépendante car une
petite plante ne poussera jamais
à l'ombre d'un grand arbre». Je
me souviens parfaitement de
ses mots. Donc, avec un coeur
très lourd, j'ai commencé ma
propre pratique et pendant ma
première année, j'ai du faire
seulement une douzaine d’ar-
throplasties!
: Ce qui n'est pas si mal
pour une première année !
A.M. :
Mais j'avais l'habitude de
faire 12 chaque semaine quand
j'étais en Angleterre ! Donc,
ma femme et moi nous deman-
dions pourquoi nous étions
revenus. Nous étions si bien
en Angleterre ! Heureusement
pour moi, les gens ont pro-
gressivement réalisé que mes
patients se allaient plutôt bien.
Je mobiliserais les patients tôt.
Je faisais autant de réunions
que possible, j'assistais à toutes
les réunions, j’échangeais avec
les médecins généralistes et les
chirurgiens orthopédistes. Et
sur une période de 3 ans, j'ai
développé mon recrutement.
: Vous avez fait des
études médicales parce que
tous les écoliers veulent de-
venir médecin en Inde?
A.M. :
Quand j'étais à l'école
ma grand-mère, ainsi que ma
tante, avait eu un cancer. Donc,
je m'intéressais particulière-
ment à la biologie, et j’essayais
d’en savoir un peu plus sur ce
qui leur arrivait et pourquoi
nous devions toujours aller à
l'hôpital. Je me souviens de ce
chirurgien cancérologue qui
arpentait le couloir comme un
dieu. Il était incroyable, imma-
culé et il me faisait penser à
une divinité. Lorsque qu’à un
âge tendre vous êtes confron-
tés à des hôpitaux et à des soi-
gnants, ça vous fait réfléchir et
je me suis dit que je devrais être
médecin. C'est comme ça que
je suis entré en médecine. Mais
j'ai trouvé le cancer un peu trop
déprimant. Une fois que j'étais
dans le bain médical et que
j'ai vu tous ces jeunes internes
confectionner gaiement des
plâtres et réparer des fractures,
cela m'a semblé très exaltant
et j'ai décidé de faire de l'ortho-
pédie !
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