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MAITRISE ORTHOPEDIQUE

INFECTION ET PTG : ASPECTS MÉDICO-LÉGAUX,

SÉCURISER UN DOSSIER

ET RÈGLES DE BONNES PRATIQUES

F. WEPPE

1

, M. DUTERTRE

2

1

Lyon ortho clinic, 29b avenue des Sources, 69009 LYON

2

Clinique de la Sauvegarde, 480 avenue Ben Gourion, 69009 LYON

La chirurgie orthopédique et

en particulier prothétique du

genou est une chirurgie fonc-

tionnelle. L’objectif est donc

d’améliorer la condition du

patient et, de fait, sa satis-

faction. La survenue d’une

complication est toujours

vécue de manière douloureuse

par le patient mais aussi par le

chirurgien même si les deux

parties ont bien conscience du

risque dès la première consul-

tation. La complication infec-

tieuse est une complication

redoutée en matière prothé-

tique avec 2 000 à 2 500 cas

par an et un taux de près de

0,34 %

(1)

à 0,6%

(2)

pour les

prothèses de genou en France

et allant de 1 à 2 % pour les

Anglo-saxons

(3) (4)

. C’est la pre-

mière complication rencontrée

dans les différentes procé-

dures médico-légales notam-

ment en raison de ses consé-

quences économiques

(5)

. Ces

procédures sont fréquentes

en chirurgie orthopédique

(1 mise en cause tous les 18

mois) même si l’on observe

une tendance à la stabilisation

depuis 2012

(6)

. La propor-

tion importante des infec-

tions dans les mises en cause

est multifactorielle associant

une médiatisation impor-

tante des infections dites «

nosocomiales », l’importance

des conséquences sur les

traitements et sur le résul-

tat fonctionnel final ainsi que

la loi de du 4 mars 2002 dite

« Kouchner » et ses modifica-

tions en matière de responsabi-

lité et modalités procédurales

(7)

.

En cas de survenue d’une

infection sur prothèse totale

de genou (PTG), le chirurgien

orthopédiste appréhendera de

manière optimale sa gestion

technique et émotionnelle par

la connaissance de deux élé-

ments essentiels : les règles

de bonnes pratiques actuelles

(c’est à dire au moment des

faits) en matière d’infection

sur PTG et la tenue du dossier

patient et règles de procédure

médico-légales.

I

nfection

sur

prothèse

totale de genou

(IPTG) :

les

bonnes

pratiques

Diagnostic d'une IPTG

Diagnostic clinique

Dans le mois suivant la pose,

une IPTG doit être suspectée

devant des signes inflamma-

toires locaux, un écoulement,

une désunion ou une nécrose

de la cicatrice, la réapparition

ou l’aggravation d’une douleur,

un épanchement intra-articu-

laire douloureux, un syndrome

fébrile inexpliqué.

Une infection retardée ou tar-

dive est suspectée devant des

douleurs persistantes et/ou

une dégradation fonctionnelle,

même en l’absence de signes

inflammatoires locaux. En pré-

sence d’une fistule, d’un abcès

ou d’un écoulement purulent,

l’IPTG est certaine

(8)

.

Examens paracliniques

Quand une IPTG est suspectée,

il est recommandé d’effectuer

avant toute antibiothérapie (ou

après une fenêtre d’au moins

72 h) une ponction de liquide

articulaire ou d’une éventuelle

collection

péri-prothétique,

éventuellement

radio-gui-

dée, sous conditions d’asepsie

chirurgicale, pour cytologie

(compte des Polynucléaires

Neutrophyles), examen direct

et cultures bactériologiques

à conserver au minimum

14 jours. L’acheminement au

laboratoire doit être rapide. La

seringue ayant servi à réaliser

la ponction est adressée direc-

tement au laboratoire, après

avoir rempli un tube hépariné

ou citraté pour la cytologie, et

après mise en place d’un bou-

chon hermétique stérile. Il est

recommandé

d’ensemencer

des flacons d’hémocultures

aéro- et anaérobies en cas de

délai d’acheminement au labo-

ratoire supérieur à 2 heures.

Quand un geste de reprise

chirurgicale est d’emblée pro-

grammé et/ou en cas de certi-

tude diagnostique, la ponction

préopératoire n’est pas néces-

saire. Les écouvillons sur cica-

trice désunie ou fistule sont à

proscrire.

Un dosage de la C-Réactive

Protéine (CRP) sera réalisé,

même si l’absence de syn-

drome inflammatoire ne per-

met pas d’exclure le diagnostic

d’IPTG. La réalisation d’hé-

mocultures est recommandée.

Le dosage de la procalcitonine

n’a pas d’intérêt démontré car

présente une faible valeur pré-

dictive négative (VPN) dans

cette situation.

La place des examens d’ima-

gerie est restreinte en cas

d’IPTG précoce ou hémato-

gène ; l’échographie permet

de rechercher un épanche-

ment intra-articulaire ou une

collection péri-prothétique en

vue d’une ponction. En cas de

suspicion d’IPTG retardée/

tardive, des radiographies

simples sont réalisées en pre-

mière intention à la recherche

d’un descellement, de zones

d’ostéolyse et/ou d’apposi-

tions périostées. Le scanner

avec injection de produit de

contraste et l’IRM (9) per-

mettent une analyse plus pré-

cise des anomalies osseuses

péri-prothétiques

et

des

parties molles. Les examens

scintigraphiques (scintigra-

phie osseuse au technétium,

scintigraphie aux polynu-

cléaires marqués) ont une

bonne VPN (90-100 %),

mais une mauvaise spé-

cificité ; ils doivent être

réalisée au minimum 6 mois

après la pose de matériel pour

être interprétables.

COMPLICATIONS