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MAITRISE ORTHOPEDIQUE

//

61

Critères diagnostiques

L’IPTG est certaine en pré-

sence de l’un ou plusieurs des

items suivants :

- Fistule communiquant avec

le matériel.

- Epanchement péri-prothé-

tique purulent visible macros-

copiquement au bloc opéra-

toire.

- Histologie en faveur d’un

processus septique.

- Deux prélèvements ou plus

(ponction préopératoire et/ou

prélèvements peropératoires)

positifs au même germe, ou

1 seul prélèvements positif

avec un germe pathogène obli-

gatoire (ex. S.aureus, P.aerugi-

nosa).

Prise en charge

thérapeutique

d'une IPTG

La prise en charge doit être

médico-chirurgicale, pluridis-

ciplinaire (chirurgien orthopé-

diste, infectiologue et micro-

biologiste) et discutée avec

une équipe spécialisée (Centre

de Référence des Infections

Ostéo-Articulaires - CRIOA)

pour les situations complexes.

La prise en charge diagnostique

et thérapeutique d’une IPTG

diffère selon son caractère pré-

coce (moins de 30 jours après

la mise en place du matériel),

hématogène, ou retardé/tardif

(au-delà de 30 jours).

Traitement chirurgical

Le traitement d’une IPTG

comporte obligatoirement une

reprise chirurgicale, au cours

de laquelle seront effectués

un prélèvement pour exa-

men

anatomopathologique,

et de multiples prélèvements

microbiologiques (idéalement

5 ou 6) intéressant le liquide

articulaire, les tissus mous et

péri-prothétiques suspects

macroscopiquement, après

une fenêtre de 2 semaines

d’antibiothérapie. Les prélè-

vements sur écouvillon sont

déconseillés. Les prélèvements

sont conservés au minimum

14 jours pour ne pas mécon-

naître une IPTG à germe de

croissance lente (ex. Cutibacte-

rium acnes). La biologie molé-

culaire (PCR ARN 16S) n’est

pas réalisée en première inten-

tion ; elle se discute en cas de

prélèvements bactériologiques

stériles en culture, notamment

dans les IPTG décapitées par

une antibiothérapie préalable.

Les conditions de la rétention

d’implant sont les suivantes

: infection aiguë hématogène

avec signes cliniques depuis

moins de 21 jours ou matériel

mis en place il y a moins de 30

jours, absence de fistule, maté-

riel fixé.

Il est recommandé d’effec-

tuer une synovectomie par

arthrotomie, emportant tous

les tissus macroscopiquement

infectés, de luxer la prothèse

et de procéder au change-

ment des pièces modulaires.

Si une mobilité de l’interface

os/implant est constatée en

per-opératoire, il est recom-

mandé de changer la prothèse

en un temps. L’arthroscopie

n’a pas sa place dans la prise en

charge des IPTG.

En l’absence de critères de

rétention d’implant, ou après

échec d’un traitement conser-

vateur, il est recommandé

d’effectuer une dépose de la

prothèse avec réimplantation

en un ou deux temps selon le

contexte et les comorbidités

du patient. Une chirurgie en un

temps sera privilégiée chez le

patient présentant des comor-

bidités entraînant un risque

anesthésique élevé en cas de

chirurgies itératives, et envisa-

gée en cas de documentation

préalable d’un germe sensible

aux antibiotiques, autre que

Staphylococcus aureus. Le

« 2 temps » sera préféré en cas

de germe multi-résistant pour

diminuer le risque d’échec thé-

rapeutique.

En cas de réimplantation

d’une prothèse cimentée, il

est recommandé d’utiliser un

ciment aux antibiotiques.

Antibiothérapie

L’antibiothérapie d’une IPTG

sera d’abord probabiliste,

débutée en post-opératoire

immédiat, par une association

parentérale de large spectre

(vancomycine + céphalos-

porines de 3

e

génération ou

vancomycine + piperacil-

line-tazobactam) puis adaptée

aux résultats bactériologiques.

Une durée parentérale initiale

de 5 à 14 jours est recomman-

dée (selon le germe), suivie

d’un relai oral pour une durée

totale de 6 à 12 semaines.

Surveillance et critère

de guérison

La surveillance est essentiel-

lement clinique, et mainte-

nue pendant 12 mois après la

prise en charge chirurgicale.

Des radiographies de contrôle

seront réalisées en post-opé-

ratoire, à J15, puis à 1, 3,

6 et 12 mois avec comparaison

des clichés. La guérison peut

être définie par l’absence de

signes cliniques, biologiques

(CRP) et radiographiques de

rechute infectieuse à 12 mois

de suivi

(2)

.

A

spects

médico

-

légaux

La sécurisation des éléments

médico-légaux du dossier-pa-

tient doit être réalisée dès la

première consultation et être

poursuivie sur toute la durée

de sa prise en charge. Lors

de l’expertise, l’ensemble de

la prise en charge sera étudié

depuis la pose du diagnostic

et de l’indication opératoire

jusqu’aux conséquences de

l’infection. Il faut entendre par

« sécuriser » éliminer par anti-

cipation tout stress généré par

la mise en cause en colligeant

en amont les éléments clefs et

non « dissimuler » une quel-

conque information. Le prin-

cipe fondamental est la consti-

tution d’un dossier de preuves

écrites et traçables (délivrance

d’information, consentement,

etc.). Ce travail peut paraître

fastidieux mais la performance

des logiciels médicaux permet

un gain de temps par standar-

disation du recueil de données.

Une fois la mise en cause enga-

gée, il est trop tard pour com-

pléter un dossier sous peine de

voire sa responsabilité pénale

engagée pour faux et usage de

faux (de 3 à 5 ans d’emprison-

nement assortis d’une amende

de 45 000 à 75 000 euros).

La rigueur s’impose dès le

début car, si une infection peut

être prise en charge dans les

règles de l’art du début à la fin

sans préjudice in fine, la prise

en charge demeurera bien évi-

demment entièrement fautive

si l’indication de PTG n’était

pas licite.

Première consultation -

la preuve

de l'information

L’information du patient et la

preuve de sa délivrance sont

la pierre angulaire dans la pro-

tection d’un praticien mis en

cause. La loi du 4 mars 2002

(7)

reprise par le Code de la Santé

Publique (CSP)

(10)

a consacré

l’évolution

jurisprudentielle

(11) (12)

considérant qu’il était

de la responsabilité du prati-

cien d’apporter la preuve que

les informations ont été déli-

vrées au patient de manière

claire, loyale et appropriée

(13)

(14)

. C’est-à-dire en reprenant

les termes de la Cour de Cas-

sation, simple et intelligible

pour un non initié même si

l’intervention était inéluctable

(15)

. Il n’est pas encore néces-

saire de prouver la bonne

compréhension des informa-

tions par le patient même si

l’on retrouve de plus en plus

« d’auto-questionnaire » à la

fin de consentements éclairés

COMPLICATIONS