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MAITRISE ORTHOPEDIQUE

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63

un seul exemplaire sans subs-

titution possible (risque d’arrêt

de la procédure en urgence, «

NO GO »

(19)

) et d’autant que

la chirurgie est réalisée dans

un établissement à roulement

(turn-over) rapide.

Check-list

La check-list initiée par l’Orga-

nisation Mondiale de la Santé

puis établie et opposée par la

Haute Autorité de Santé

(20)

a

permis de standardiser les pro-

cédures de sécurité péri-opé-

ratoires. Il est intéressant de

constater que son bon fonc-

tionnellement est tristement

dépendant du bon vouloir du

chirurgien, caractéristique que

l’on retrouve dans le monde

entier

(21)

. Cette check-list,

de fonctionnement orale et

retranscrite à l’écrit, permet à

elle seule d’éliminer efficace-

ment un grand nombre d’évè-

nements indésirables graves

comme les erreurs d’identité,

de latéralité, de matériel et

d’antibioprophylaxie

(22)

.

Antibioprophylaxie

La mise en place, la réalisation

et la traçabilité de l’antibiopro-

phylaxie en collaboration avec

le médecin anesthésiste rend

co-responsables les deux pra-

ticiens en cas de litige. Leur

responsabilité civile sera donc

partagée à 50 % sauf si un pro-

tocole spécifique a été établi

et validé collégialement dans

l’établissement. De la même

façon la nature même de l’an-

tibioprophylaxie devra être

conforme au Comité de Lutte

contre les Infections Nosoco-

miales local (CLIN)

(23)

qui lui

même suit généralement les

recommandations des socié-

tés savantes

(24)

. L’adminis-

tration doit précéder le début

de l’intervention d’environ

30 minutes. La séquence d’in-

jection des produits d’induc-

tion doit être séparée de 5 a

10 minutes de celle de l’anti-

bioprophylaxie. En l’absence

d’allergie le protocole usuel fait

appel à des céphalosporines

de 1

re

génération comme la

céfazoline en administration

intraveineuse lente à la poso-

logie de 2 g (multiplié par

2 chez l’obèse). En cas d’aller-

gie la gentamycine (5 mg/kg)

sera associée à la clindamycine

(600 mg) ou la vancomycine

(15 mg/kg/60 min) en admi-

nistration intraveineuse lente.

Une antibiothérapie supérieure

à 24 h n’est pas recommandée.

Les protocoles étant standar-

disés, il est donc aisé d’anno-

ter de manière automatisée

lors de la rédaction du compte

rendu opératoire la présence

d’une antibioprophylaxie et

sa nature. Ceci facilitera gran-

dement le travail de l’expert

dans la recherche de traçabili-

té notamment face à des dos-

siers d’établissements de soins

pouvant contenir plusieurs

dizaines de pages souvent non

classées.

L’absence d’antibioprophylaxie

rendra les praticiens respon-

sables d’une perte de chance

de 50 % (soit 25 % imputable

au chirurgien et 25 % impu-

table au médecin anesthésiste)

dans les risques de survenue

d’une infection sur prothèse

totale de genou.

Compte rendu opératoire

Une attention particulière est

à apporter au compte rendu

opératoire. En cas de dos-

siers incomplets ou complexes

c’est l’élément le plus facile à

récupérer. Pour être complet,

il doit reprendre les éléments

du diagnostic et de l’indication

ainsi que la traçabilité précise

de l’antibioprophylaxie et du

matériel utilisé et implanté

(25)

(26)

. En effet, ces données sont

classiquement tracées dans des

documents qui ne sont plus

accessibles quand la procédure

est en cours (dossier anesthé-

sique, dossier clinique).

Compte rendu d'hospitalisation

Le compte rendu d’hospitali-

sation est aussi important que

le compte rendu opératoire et

sont rôle a d’ailleurs été récem-

ment revalorisé et ses éléments

constitutifs précisés

(27)

. Il s’at-

tache aussi bien à la période

péri-opératoire qu’à la période

post-opératoire

immédiate

et permet de relater la surve-

nue de tout événement (phlé-

bite, infections, etc). Certaines

annotations sont devenues

opposables :

- L’identification du patient,

du médecin traitant, le cas

échéant du praticien adres-

seur, ainsi que l'identification

du médecin de l'établissement

de santé qui a pris en charge le

patient avec les dates et moda-

lités d'entrée et de sortie d'hos-

pitalisation ;

- Le motif d'hospitalisation ;

- La synthèse médicale du

séjour précisant le cas échéant,

les événements indésirables

survenus pendant l'hospita-

lisation, l'identification de

micro-organismes multi-résis-

tants ou émergents, l'adminis-

tration de produits sanguins ou

dérivés du sang, la pose d'un

dispositif médical implan-

table ;

- Les traitements prescrits à

la sortie de l'établissement (ou

ordonnances de sortie) et ceux

arrêtés durant le séjour et le

motif d'arrêt ou de remplace-

ment, en précisant, notamment

pour les traitements médica-

menteux, la posologie et la

durée du traitement ;

- L’annonce, le cas échéant, de

l'attente de résultats d'examens

ou d'autres informations qui

compléteront cette lettre de

liaison ;

- Les suites à donner, le cas

échéant, y compris d'ordre

médico-social, tels que les

actes prévus et à programmer,

recommandations et surveil-

lances particulières.

Le suivi et la survenue

de l'infection

Le nombre de consultations

et les délais ne sont pas oppo-

sables mais sont à adapter à

l’évolution clinique. A chaque

consultation doit correspondre

une observation et/ou courrier

aux correspondants. Les cri-

tères objectifs et chiffrés sont

recommandés (score, mobili-

tés) car ils ont un impact sur

l’imputabilité de l’infection et

sur l’évaluation de ses consé-

quences fonctionnelles.

En cas de suspicion d’infec-

tion, le praticien doit s’effor-

cer de dépasser la tendance

naturelle à vouloir réaliser une

prise en charge seul et à bas

bruit. Il devra plutôt mettre

rapidement en place toutes les

stratégies diagnostiques et thé-

rapeutiques pluridisciplinaires

recommandées et énoncées

précédemment afin d’éliminer

le risque de perte de chance

par perte de temps.

La survenue d’une infection en

tant que tel n’est pas fautive.

C’est l’absence de prévention

et sa prise en charge inadaptée

qui le sont. La bonne connais-

sance des bonnes pratiques

et la tenue parfaite du dossier

permettent ainsi de l’aborder

sans sentiment de culpabilité,

sentiment qui peut être renfor-

cé par les dires du patient.

L’écrit est à privilégier à l’oral

dans les transmissions entre

les correspondants ou avec le

patient. Les messages électro-

niques (email) sont intéressants

mais seront plus pertinents s’ils

sont intégrés au dossier-pa-

tient informatisé. Des conver-

sations téléphoniques peuvent

être réalisées mais leur résumé

sera retranscrit par écrit dans le

dossier-patient.

Il est fondamental de conser-

ver un double des comptes

rendus d’examens ou à défaut

un résumé précis puisque ceux

ci ne seront à nouveau dispo-

nibles qu’au moment de l’ex-

pertise contradictoire.

COMPLICATIONS