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Nous avons choisi de refaire le faisceau anté-

ro-médial avec le tendon rotulien, car pour

nous, il s’agissait du greffon de référence et

nous ne connaissions pas exactement la

valeur mécanique résiduelle du faisceau

postéro-latéral. Pour ne pas prendre de

risque, nous avons gardé la même technique

mais en diminuant un peu le volume de la

greffe. D’un point de vue technique, la réali-

sation du geste opératoire demande un peu

d’habitude et beaucoup de prudence.

L’objectif étant de ne pas détruire le PL res-

tant. Le passage de la greffe de dehors en

dedans est plus délicat. Cependant, le choix

de faire le tunnel de dehors en dedans est

pour nous fondamental pour avoir une posi-

tion optimale de la greffe.

Les résultats de cette étude ont montré un très

bon contrôle sur la laxité et ceci ne nous éton-

ne pas avec une laxité résiduelle à 0,4 mm. On

a donc réussi en faisant cette addition, à

ramener une laxité peu importante (5,4 mm)

comparable à celle du côté opposé. L’efficacité

de la greffe est donc valable. Cependant 20 %

des patients conservent des douleurs et 24 %

ont un flexum. La cause du flexum est un

“cyclop syndrom” dans 8 % des cas au mini-

mum, sachant que 12 % n’ont pas eu de bilan,

car le flexum ne les gène pas vraiment.

Nous avons comparé aussi un groupe de

patient dont la laxité différentielle initiale

était inférieure à 6 mm et un groupe dont la

laxité était supérieure à 6 mm. Nous n’avons

retrouvé aucune différence statistique en ce

qui concerne le flexum, les difficultés en

rééducation ou les douleurs postopératoires.

Nous avions pensé que dans le groupe dont la

laxité était supérieure à 6 mm le faisceau res-

tant était plus faible, plus grêle, de ce fait la

greffe de tendon rotulien aurait moins généré

de problème. En fait, il n’en est rien.

De cette étude, nous retenons que nous pou-

vons réparer une rupture du faisceau antéro-

médial du LCA par un greffon au tendon

rotulien. La correction de la laxité est excel-

lente. Cependant, les suites sont plus diffi-

ciles avec comme principal problème une dif-

ficulté à récupérer l’extension et dans une

moindre mesure la flexion. Cette raideur est

cause de douleur et d’épanchements à l’effort.

Nous avons donc modifié notre attitude

depuis. Si le faisceau restant est de bonne

qualité avec une laxité résiduelle faible

(< 6 mm) nous réparons avec un faisceau

unique de demi-tendineux doublé ou triplé

en fonction du volume, pour éviter une sur-

charge de l’échancrure. Si la laxité est plus

importante (>7 mm), nous prenons l’initiati-

ve de refaire les deux faisceaux, soit avec les

ischio-jambiers (technique à double faisceau)

soit le tendon rotulien si les ischio-jambiers

sont de mauvaise qualité. En effet, la seule

différence que nous trouvons dans les deux

groupes précédemment cités, c’est la laxité à

1 an : dans le groupe < 6 mm la laxité à 1 an

est de -0,05 mm (-7+2) alors que dans le grou-

pe > à 6 mm la laxité est de 1,37 mm (-1+7).

Cette différence est significative statistique-

ment. Elle montre bien que la valeur du fais-

ceau postéro-latéral au-delà de 6 mm est

mauvaise et qu’il vaut mieux tout refaire

comme dans une chirurgie classique.

Notre étude concorde bien avec l’étude

d’Adachi [5] qui a montré sur une étude

comparative, la supériorité de l’augmenta-

tion par rapport à une technique conven-

tionnelle, au moins sur la laxité. Il a compa-

ré 40 réparations partielles avec 40 recons-

tructions totales du LCA avec une laxité de

départ comparable. Le groupe augmentation

a une laxité résiduelle plus faible.

Il est fort probable que la conservation des

récepteurs neurologiques dans le faisceau

restant est un rôle sur la proprioception. Il est

difficile de montrer cette influence, seul le

temps pourra nous montrer si on diminue les

risques de récidive, de dégradation méniscale

ou cartilagineuse. Plusieurs auteurs ont déjà

montré cette influence [6, 7, 8]. C’est une des

raisons pour lesquelles il faut conserver le

faisceau restant s’il est valable mécanique-

ment. Il est fort probable aussi que la vascu-

larisation au niveau de l’insertion tibiale joue

aussi un rôle dans la cicatrisation [9].

RÉPARATION DES RUPTURES DU FAISCEAU ANTÉRO-MÉDIAL DU LCA PAR UNE GREFFE AU TENDON ROTULIEN

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