Aux vues de la série, il est difficile de retrou-
ver un profil type de patient, de sports ou de
mécanisme lésionnel caractéristique des
ruptures partielles du LCA. Ces ruptures par-
tielles semblent majoritairement toucher le
faisceau antéro-médial. Le diagnostic de cer-
titude semble difficile autant cliniquement
qu’à l’imagerie. Il paraît pourtant légitime
aux vues de la série, d’évoquer cette lésion
partielle dès lors que la laxité différentielle
est inférieure où égale à 6 mm avec un
Lachman arrêt dur retardé au testing. L’IRM
avec ses séquences classiques semble déce-
vante puisque la lésion n’a été retrouvée que
dans 5 cas. Elle est surtout très opérateur
dépendant. Le diagnostic de certitude a été
fait dans tous les cas au cours du bilan
arthroscopique avant la ligamentoplastie.
Les contusions osseuses et les lésions ménis-
cales sont aussi retrouvées dans ces ruptures
partielles.
DISCUSSION
L’analyse actuelle des ruptures du LCA est en
pleine évolution grâce à une meilleure
connaissance de la biomécanique du genou
et de l’anatomie fonctionnelle. Ainsi, les
reconstructions double faisceau du LCA qui
semblent prometteuses sont actuellement
développées par de nombreuses équipes. Le
concept de reconstructions anatomiques a
permis aux chirurgiens de mieux analyser
lors de l’arthroscopie, les ruptures du LCA et
d’identifier des lésions partielles de ce liga-
ment intéressant un seul des deux faisceaux.
Ainsi, Adachi [1], dans un article de 2000
rapporte les résultats de 40 reconstructions
en préservant les reliquats du LCA. Ces
40 procédures d’augmentation sont compa-
rées dans cette étude à 40 reconstructions
classiques. Les patients du groupe augmen-
tation présentaient tous des reliquats impor-
tants reliant le fémur au tibia, ce qui
a poste-
riori
, semble correspondre à des ruptures
partielles n’intéressants qu’un seul faisceau
du LCA. Dans cet article, les auteurs rappor-
tent de meilleurs résultats en termes de sta-
bilité et de proprioception pour le groupe
“augmentation”. En 2006, la même équipe
chirurgicale propose une technique de
reconstructions isolées d’un des faisceaux du
LCA en préservant le faisceau non rompu
[10], mais en parlant clairement cette fois de
rupture isolée du faisceau antéro-médial ou
du faisceau postérolatéral. La technique de
reconstruction décrite dans cet article est
différente de la nôtre puisque le tunnel fémo-
ral est foré de dedans en dehors en utilisant
une technique trans-tibial. Notre technique
de reconstruction de dehors en dedans
nécessite une incision supplémentaire sur le
condyle latéral. Par rapport aux techniques
de dedans en dehors, cette incision supplé-
mentaire constitue un inconvénient qui nous
semble acceptable en raison de la simplicité
et de la précision de notre technique. La réa-
lisation indépendante des visées tibiale et
fémorale sur un genou à 90° de flexion est
techniquement facile et reproductible. Le
forage de dehors en dedans permet de pré-
server les fibres du faisceau postérolatéral.
Enfin, cette technique à double incision
nous permet de laisser le transplant pédiculé
au niveau tibial pour compléter la fixation
par vis d’interférence. La fixation fémorale
est réalisée en dernier à l’aide d’une vis d’in-
terférence mise en place de dehors en dedans
sans risque de détérioration des fibres du
transplant.
CONCLUSION
L’analyse de notre série met en évidence un
nombre important de ruptures partielles du
LCA que l’on semble méconnaître encore.
Une faible laxité différentielle préopératoire
avec un Lachman arrêt dur retardé doit atti-
rer l’attention des chirurgiens sur une éven-
tuelle rupture partielle. Il convient alors de
confirmer le diagnostic au cours d’une
arthroscopie minutieuse et de proposer une
reconstruction sélective. Notre technique
reste très classique et permet de reconstruire
RECONSTRUCTION ISOLÉE DU FAISCEAU ANTÉRO-MÉDIAL DU LCA DANS LES RUPTURES PARTIELLES
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