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MAITRISE ORTHOPEDIQUE

Y A-T-IL UNE PLACE POUR LA RECONSTRUCTION

DU MPFL SUR PROTHESE TOTALE DU GENOU ?

R. CANETTI

1

, G DEMEY, S. LUSTIG

1

, E. SERVIEN

1

1

Hôpital Lyon Croix-Rousse, 3 Grande rue de la Croix Rousse, 69004 Lyon. France

I

ntroduction

L’instabilité

fémoro-patel-

laire (IFP) est une des causes

d’échec après prothèse totale

de genou (PTG)

[1][2]

. Elle peut

être responsable de la plupart

des complications patellaires

comme les douleurs anté-

rieures, l’usure anormale ou le

descellement de la pièce rotu-

lienne, et pouvant aller jusqu’à

la luxation de rotule

[3]

.

L’instabilité de rotule n’est pas

exclusivement due à des erreurs

techniques fémoro-patellaires,

mais résulte aussi d’une erreur

d’équilibrage,

notamment

dans le plan axial avec un

défaut de rotation. Toute les

interventions augmentant la

tension de l’aileron externe,

diminuant celle de l’aileron

interne ou augmentant l’angle

Q modifient la balance rotu-

lienne et entrainent cette ins-

tabilité. Les causes techniques

d’IFP peuvent être rangées en

4 grandes catégories

[4]

:

1) mauvaise position des

implants, notamment dans le

notamment dans le plan axial

(rotation), dans le plan fron-

tal (alignement du membre en

valgus) ou dans le plan sagittal

(augmentation ou diminution

de l’espace antérieur)

[5]

;

2) le design inapproprié de la

trochlée prothétique

[6]

;

3) une préparation patellaire

erronée ou non réalisée

[7]

;

4) un mauvais équilibrage des

tissus mous péri-rotuliens

[8]

.

Ainsi, la prévention de l’IFP

passe par l’utilisation d’im-

plants adaptés et le respect de

grands principes reconnus en

arthroplastie de genou

[4]

:

- un axe du membre respecté,

en évitant le valgus

[9]

,

- un composant fémoral en

rotation neutre ou en rota-

tion externe (éviter la rotation

interne) et latéralisé au maxi-

mum (sans débord) pour cen-

trer l’espace patello-trochléen,

- un implant tibial centré sur

le 1/3 médial de la TTA

- une coupe rotulienne paral-

lèle la surface rotulienne anté-

rieure avec un implant placé

médialement sur la surface de

coupe pour obtenir une épais-

seur rotulienne prothétique

identique à l’épaisseur rotu-

lienne native;

- un espace fémoro-patellaire

de taille identique au genou

natif, équilibré par la taille et

l’antériorisation de l’implant

fémoral, et par l’épaisseur rotu-

lienne, ayant pour but une res-

tauration de l’offset antérieur.

- une voie d’abord réalisé en

fonction de la déformation:

l’arthrotomie interne iso-

lée, sans section de l’aileron

externe, sur les déformations

en genu valgum peut entrainer

un déséquilibre de tension des

ailerons rotuliens.

Par ailleurs, Frank et al.

[10]

ont

montré qu’une bascule rotu-

lienne préopératoire était un

facteur favorisant de resur-

façage rotulien secondaire,

notamment pour bascule rotu-

lienne persistante.

Ces règles doivent conduire à

une course rotulienne stable et

centrée en peropératoire.

D

iagnostic

Les symptômes très variés de

l’instabilité fémoro-patellaire

doivent amener le chirurgien

à rechercher une instabilité

objective. Les patients peuvent

se plaindre de simples dou-

leurs antérieures péri-patel-

laires, mais aussi présenter une

raideur en flexion occasionnée

par la luxation patellaire per-

manente.

Ces anomalies de position-

nement et de stabilité de l’ar-

ticulation

fémoro-patellaire

sont mises en évidence par un

examen clinique ciblé. Tout

d’abord l’alignement global du

membre, en valgus. La course

rotulienne en flexion-exten-

sion active et passive ainsi que

la mobilité rotulienne peuvent

orienter sur une instabilité sta-

tique ou dynamique. Enfin, la

rotation externe du pied peut

témoigner d’un excès de rota-

tion interne de l’implant tibial.

Ces signes cliniques orientent

l’examen radiologique pour

commencer tout d’abord par

des clichés simple (face, profil

et vue axial de rotule à 45° de

flexion). Le diagnostic est posi-

tif lorsque la rotule est partiel-

lement ou totalement luxée.

On peut aussi éventuellement

trouver un diagnostic diffé-

rentiel (descellement rotulien,

fracture de rotule, rupture de

l’appareil extenseur…).

Outre le diagnostic positif, le

diagnostic étiologique passe

par des radiographies simples,

pour évaluer le positionnement

médio-latéral et la taille des

implants ainsi que l’alignement

du membre. Elles peuvent

aussi faire évoquer un trouble

de rotation, sans l’affirmer.

Le scanner bilatéral est indis-

pensable pour mettre en évi-

dence de manière formelle

des troubles de rotation de

l’implant fémoral et/ou tibial.

Les rotations peuvent être

mesurées de plusieurs façon,

soit directement selon l’axe

bi-épicondylien pour le fémur

et selon le positionnement de

la tubérosité tibiale antérieure

(TTA) pour le tibia ; soit en

fonction de l’axe global du

segment osseux (col du fémur,

axe bi-malléolaire). La rotation

interne cumulée des deux com-

posants est directement corré-

lée au degré d’instabilité fémo-

ro-patellaire (de 1 à 4° de R.I

cumulée la course rotulienne

est imparfaite et la rotule bas-

culée, de 4 à 8° la rotule se

subluxe et au-delà de 8° la

rotule est luxée précocement

avec risque un descellement

rotulien

[11]

).

Enfin, la scintigraphie osseuse

peut mettre en évidence un

conflit fémoro-patellaire de la

facette externe rotulienne avec

le composant fémoral, en lien

avec une bascule rotulienne.

A l’heure actuelle, nous réa-

lisons le plus souvent des

examens couplés comme le

SPECT-CT, ou Tomoscan,

permettant une scintigraphie

en coupe couplée à un scanner.

I

ndications

L’instabilité fémoro-patellaire

découle le plus souvent d’une

anomalie structurale et rend les

mesures non-chirurgicales peu

efficaces (attelle, renforcement

du vaste médial).

Les structures péri-patellaires

médiales ont une fonction sta-

bilisatrice de rotule, notam-

ment le ligament patellofemo-

ral médial (MPFL) qui compte

pour 50 à 60%des forces de sta-

bilisation médiales au moment

de l’engagement de la rotule

dans la gorge trochléenne lors

de la flexion

[12]

. Ce dernier est

inévitablement sectionné dans

MISE AU POINT