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MAITRISE ORTHOPEDIQUE

//

51

RAIDEUR APRÈS PROTHÈSE TOTALE DE GENOU

ÉPIDEMIOLOGIE, CAUSES, ARBRE DÉCISIONNEL

C. DEBETTE

Clinique de l'Infirmerie Protestante Lyon Caluire

a

. I

ntroduction

,

définition

de

la

raideur

et

épidémiologie

La raideur du genou est définie

par une limitation des ampli-

tudes articulaires. Lorsqu’elle

survient après la mise en place

d’une prothèse totale du genou,

elle représente 14,3 % des révi-

sions de prothèses, derrière le

descellement et les complica-

tions septiques (symposium

SOFCOT 2011). Cette donnée

se retrouve dans la littérature

(1-4)

. La raideur est également

un motif fréquent de ré-

hospitalisation précoce

(5)

.

La flexion moyenne du genou

après prothèse totale varie de

105° à 120° selon les séries.

L’on peut considérer que des

mobilités de 0°-110° sont

satisfaisantes

(6)

. Pour autant, il

n’existe pas de consensus sur

la définition de la raideur en

terme d’amplitudes articulaires.

De plus, celles-ci peuvent évo-

luer sur une longue durée:

jusqu’à environ 3 ans après la

chirurgie

(7,8)

. De ce fait, la pré-

valence de la raideur après pro-

thèse de genou est difficile à

évaluer, variant dans les séries

de 1,3 à 12 %

(9-11)

en fonction

de la définition de la raideur et

du recul des études.

La raideur peut être classée en

trois catégories: la raideur en

flexion, la raideur en exten-

sion (ou flexum), et la raideur

mixte associant les deux précé-

dentes. Celle-ci s’accompagne

fréquemment de douleurs par

augmentation des contraintes

et du travail musculaire néces-

saire à la réalisation des actes

de la vie courante, en parti-

culier au niveau de l’appareil

extenseur

(12,13)

.

La raideur entraine une limi-

tation fonctionnelle dont l’im-

portance est fonction de son

degré

(12)

, mais aussi fonction

des exigences fonctionnelles

propres à chaque patient, avec

pour conséquence directe une

insatisfaction et une diminu-

tion des scores d’évaluation.

Pour autant, il est difficile

d’établir un parallélisme entre

l’importance de la raideur et

l’insatisfaction du patient, car

celle ci est subjective et multi

factorielle (existence d’une

raideur pré opératoire, attentes

du patient, âge, niveau d’acti-

vité, importance des douleurs

associées).

La conduite à tenir en face

d’une raideur du genou après

prothèse totale va donc devoir

tenir compte de différents fac-

teurs : la cause en premier lieu

si elle est retrouvée, le délai

depuis la mise en place de la

prothèse, enfin la motivation

et les exigences fonctionnelles

du patient.

b

. C

auses

La survenue d’une raideur est

souvent multi factorielle

(14)

.

On peut identifier différents

facteurs de risques répartis en

trois périodes : la période pré

opératoire, la période péri opé-

ratoire et la période post opé-

ratoires

(15)

.

1.

Facteurs de risque

pré opératoires

Le principal facteur de risque

identifié en pré opératoire est

la présence d’une raideur

(16)

.

Même si les mobilités sont

habituellement

améliorées

après prothèse du genou sur

genou raide, un tel genou doit

être managé différemment

(17)

d’un genou mobile et présente

plus de risques de complica-

tions

(18)

. La voie est habituel-

lement plus extensive (relève-

ment de la tubérosité tibiale

antérieure, allongement de

l’appareil extenseur) et la tech-

nique peut nécessiter des gestes

de libération ligamentaire élar-

gis, avec pour conséquence

une augmentation globale des

risques de complications cuta-

nées, septiques, ou la survenue

itérative d’une raideur.

L’existence d’une rotule basse

serait un facteur de risque,

car elle nécessite souvent une

libération plus importante au

cours de l’exposition avec de

ce fait la formation d’adhé-

rences au niveau de l’appareil

extenseur

(19)

.

Certains terrains particuliers

représentent un risque : hémo-

philie, patients neurologiques

spastiques. Le diabète, souvent

mentionné, n’est pas de façon

isolé un facteur de risque statis-

tiquement reconnu. L’obésité,

du fait du volume des parties

molles, entraine une limitation

de la flexion du genou.

2.

Mauvaise gestion

per opératoire

La survenue d’une raideur peut

être liée à erreur technique pro-

venant d’une mauvaise gestion

de l’équilibrage des espaces

et flexion et en extension,

conduisant à un excès de ten-

sion des parties molles source

de raideur et de douleurs.

Trois erreurs peuvent être

incriminées en ce sens :

- L’oversizing (Figures 1 à 6) :

Selon que la référence de

coupe au fémur est antérieure

ou postérieure, un carter fémo-

ral trop volumineux va induire

des contraintes postérieures

(avec pour effet une raideur

en flexion), ou antérieures

Figure 1 : Implant fémoral trop encom-

brant dans le sens Médio latéral.

Figure 2 : Radiographie montrant un

carter fémoral trop grand en Antéro

postérieur.

Figure 3 : débord flagrant du carter

fémoral en dehors.

(avec des contraintes fémoro

patellaires), voir antérieures

ET postérieures dans les cas

extrêmes.

Un plateau tibial et/ou un

carter fémoral trop grand va

provoquer des contraintes

entre l’implant et les parties

molles, sources de douleurs et

de raideur

(20)

.

ACTUALITÉ