

Les phénomènes dégénératifs liés à l’arthrose
vont altérer cette cinématique par déformation
progressive des surfaces articulaires, appari-
tion de rétractions ligamentaires, altérations
d’un ou des deux croisés et apparition
d’ostéophytes. En fonction des modifications
anatomiques, l’arthroplastie pourra aller d’une
simple chirurgie de resurfaçage à une prothèse
plus contrainte avec substitution des éléments
anatomiques défaillants.
FORME DES PROTHÈSES
TOTALES DE GENOU ET
LIGAMENTS CROISÉS
La forme des implants est déterminée au
moins partiellement par l’attitude vis-à-vis des
ligaments croisés. Seule la conservation des
deux ligaments croisés peut espérer
s’approcher au plus près de la cinématique
normale. Elle permettrait d’améliorer la fonc-
tion du genou surtout lors de la pratique des
escaliers [1]. Il s’agit d’une chirurgie difficile
et peu accommodante de par la faible élastici-
té des ligaments croisés. Elle nécessite
l’utilisation d’une pièce tibiale ménageant le
massif des épines et impose des surfaces arti-
culaires en polyéthylène à très faible rayon de
courbure autorisant les mouvements de roule-
ment glissement guidés par le pivot central
comme la prothèse H
ERMES
2C® (C
ERAVER
).
Si elle a l’avantage d’une sollicitation minima-
le des ancrages prothétiques puisque la stabili-
sation est réalisée uniquement par les liga-
ments, ces plateaux pratiquement plats signi-
fient par ailleurs l’existence de pics de
contrainte élevés sur le polyéthylène.
Peu de constructeurs proposent des implants
adaptés à la conservation des deux croisés qui
ne peuvent concerner de toute façon qu’un
nombre limité de genoux dont l’évolution dégé-
nérative et les défauts d’axes sont peu marqués.
Bien plus fréquemment, le ligament croisé
antérieur est devenu non fonctionnel. La ciné-
matique normale est abandonnée et remplacée
par un compromis. Le tibia est soumis à des
contraintes de translation antérieure par l’effet
de l’appareil extenseur et le choix doit alors se
faire entre la conservation ou le sacrifice du
ligament croisé postérieur avec les modifica-
tions “géométriques” qui en découlent.
Conservation du ligament croisé
postérieur
Les avantages théoriques de la conservation du
LCP consistent en un maintien du roulement
des condyles fémoraux vers l’arrière lors de la
flexion améliorant ainsi l’amplitude de
flexion, augmentant le bras de levier du qua-
driceps et au final améliorant la fonction
notamment lors de la pratique des escaliers [1,
3]. La conservation du LCP permet par ailleurs
de respecter la hauteur de l’interligne articulai-
re et est censée avoir un effet mécanique pro-
tecteur diminuant les contraintes sur le poly-
éthylène tibial.
Notons de façon intéressante que diverses
études ont montré au contraire la présence
d’un glissement antérieur paradoxal en cas de
conservation du LCP. Dennis [7] par exemple
dans une étude fluoroscopique portant sur
136 PTG à conservation du croisé postérieur et
plateau fixe n’a montré une translation posté-
rieure du condyle fémoral que pour 87 patients
(63.9 %). La translation postérieure du condy-
le médial n’était présente que pour 47 patients
(34.5 %). Il est démontré, par ailleurs,
l’existence d’un glissement fémoral antérieur
chez 32 patients (23.5 %).
Fantozzi [9], dans une étude comparant le roll-
back fémoral entre PTG posterostabilisées et
PTG conservant le croisé postérieur, souligne le
manque de constance dans le deuxième groupe.
Kim [14] n’a pas montré de recul du point de
contact fémorotibial lors de la flexion dans une
étude fluoroscopique portant sur 49 PTG
G
ENESIS
® (S
MITH
N
EPHEW
).
Il est par contre bien établi que le LCP aug-
mente la stabilité en varus et valgus [24] et
ainsi limite les phénomènes de lift-off tout au
moins sur le versant médial [3].
14
es
JOURNÉES LYONNAISES DE CHIRURGIE DU GENOU
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